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Junk Garage

11 mars 2012

Vis ma vie d'étudiant Erasmus

Il y a eu les vacances de Noël, puis les adieux aux copains, les examens et enfin le cauchemar administratif de la réinscription.
Et me revoilà.

J'avais l'intention d'écrire un article pour les Sama Awards 2012, ça fait même des mois et des mois que j'ai le sujet en tête mais je n'ai pas eu le temps de le faire à temps. Enfin bref, il arrivera au moins un jour et causera de Mawaru Penguindrum, environ la seule et unique série que j'ai regardé depuis 6 mois.
Mais en attendant, je me disais que c'était un peu petit gros de disparaître comme ça pendant quelques mois pour revenir poster un pavé indigeste plein de théories foireuses, ainsi j'ai décidé de plutôt vous comptez un peu ma vie (ça fait rêver je sais) ou plutôt "mais qu'est-ce que tu as bien pu glander ces 6 derniers mois ?".

Les personnes qui suivent un peu savent que je passe cette année à l'étranger. Celle qui suivent encore un peu plus savent que je suis depuis déjà quelques temps étudiante en langues, formulation passe-partout s'il en est, et que donc partir en Erasmus pour ma dernière année était quelque chose que je me devais de faire. Et donc je l'ai fait.

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Choose your character

Mais remontons un peu dans le temps, il y a un et demi plus précisément. Après des débuts qu'on pourra qualifier de plutôt chaotiques, j'entame ma deuxième année de fac avec le sourire et pleine de motivation. J'ai comme beaucoup pour coutume de prendre en début d'année des résolutions dont je sais que je ne les respecterai pas, et celles pour 2011 étaient de "valider ma seconde année et partir en Erasmus". Je crois pouvoir dire à l'attitude de mes camarades que nous nourrissions tous à peu près ce même rêve en septembre 2011, et les professeurs nous poussant à suivre les démarches nous motivaient pas mal.

Les premières réunions ressemblent à des pub pour des clubs de vacances, où les responsables des relations internationales vous expliquent que partir en Erasmus, c'est trop chouette et ça change la vie. Rapidement, on tempère un peu le discours, en rajoutant qu'il faut quand même bosser, qu'il y a une certaine sélection à la base (mais j'y reviendrai) et que ça peut être dur pour certains de vivre à l'étranger. A ce stade là, vous avez déjà la moitié des effectifs qui se désiste. Face aux procédures d'inscription qui suivent, encore un quart s'enfuit en courant.
Et voilà, vous êtes fin novembre et des braves qui voulaient tous "passer l'année de leur rêve à l'étranger", il n'en reste déjà plus qu'un petit quart. Les derniers irréductibles, on va dire, qui n'auront pour seul mérite que de ne pas avoir oublié les délais pour passer le TOEIC et remplir les dossiers.
La vraie sélection ne se fait qu'à partir du moment de vous répartir dans différentes villes. Les places sont en effet relativement limitées, à savoir 1 ou 2 par université, et choper celle de vos rêves (??) revient donc à avoir de bonnes notes.

Pour une raison qui m'échappe totalement mais qui ne doit pas être indifférente au fait que tout le monde parle mieux Anglais qu'Espagnol, la grande majorité des gens a préféré partir vers la pluie et le froid en priorité. Ce ne fut bien sûr pas mon cas et c'est donc sans trop de problèmes que j'ai eu la fac que je demandais en Espagne. Oui, parce que je voulais pas Madrid ou Barcelone non plus. Nan moi je voulais Murcia, la ville que je connaissais juste pour ses restrictions d'eau et son refus du droit à l'avortement. La raison pour laquelle j'avais choisi cette ville m'échappe encore, mais elle doit avoir un certain lien avec les jolies photos de l'impressionnante faculté et le fait qu'au moins j'étais sure qu'on y parlait Castillan. Ce que j'ignorais par contre c'est que l'accent y était un des pires d'Espagne.


IMG_1441Mais si, vous connaissez Lorca !


It's dangerous to go alone ! Take this.


Le hasard voudra que j'atterisse à Murcia LE jour de l'année où il pleuvait. Murcia c'est (très) au Sud, calé entre les montagnes et la mer à une vingtaine de kilomètres : il y a une sorte de micro-climat sur la ville qui fait qu'il n'y pleut jamais. C'est plus de 300 jours de soleil par an, des hivers doux et des étés façon "four à micro-onde" où la température peut atteindre les 50 degrés, à la grande joie des cucarachas ("ah c'était pas une datte ce truc noir écrasé dans la rue ??")
A mon arrivée début septembre, on était encore en plein dans la chaleur -comprenez 35-40 degrés- et ça tombait bien, l'été avait été particulièrement pourri en France cette année là.
La faculté avait eu l'intelligence de proposer en début d'année deux semaines de "cours" d'Espagnol pour les étrangers, histoire de les remettre dans le bain et surtout avec pour motif plus ou moins caché de faire en sorte qu'ils rencontrent des gens. Ces cours, de l'ordre de 3 heures tous les matins, étaient en effet plus un prétexte pour se sociabiliser qu'autre chose.
Mes deux premières semaines c'était donc en effet très franchement le Club Med, avec en gros :

  • Cours le matin
  • Glandage l'après midi
  • Balades en fin d'après midi quand la température est supportable
  • Fête la nuit
  • Week end à la plage


Une autre chose fort agréable fut que le mois de septembre est l'occasion de grandes fêtes dans la ville type défilés dans les rues, feux d'artifices, danses folkloriques, etc, ce qui achève rapidement de te faire dire "je ne veux jamais rentrer chez moi !!!", impression qui ira en se reforçant encore avec le temps.

Le rythme de vie est très différent de celui qu'on a en France dans la mesure où tout fonctionne avec deux heures de décalage. Et tu croises des gamins et des vieux dans la rue jusqu'à 3-4 heures du matin en "été" ! Oui, parce qu'il fait encore 30 degrés à minuit aussi.
Le cliché de l'Espagnol qui fait la sieste est bien avéré dans la mesure où trouver une boutique ouverte entre 14h00 et 17h00 relève de l'exploit ; néanmoins sortir une fois entre ces heures et en plein cagnard suffit à comprendre le bien fondé de la chose. Il y a aussi le fait qu'ils travaillent jusqu'à très tard le soir (21h30) et que leurs fêtes durent aussi systématiquement jusqu'à point d'heure, mais s'ils doivent quand même se lever tôt le lendemain matin (tout reste relatif, rares sont les cours qui commencent avant 9 heures)

Au début j'étais perplexe quant au fait de déjeuner à 15 heures et de dîner à 22 heures, mais c'est un rythme qui se prend très, très vite. Et le fait que je passe de toute façon mon temps à bouffer n'aide pas. Ben oui, t'as des crêperies/churrerias/pizzerias ouvertes toute la nuit :3


100_0055Workin' hard à la terasse d'un café


Welcome to the jungle

A ce stade là de l'aventure, peu d'Espagnols ont réellement croisé votre route. A part dans la rue je veux dire. En effet, vous restez entre internationaux, vous parlez "l'Espagnol pour les nuls" (qu'on résumera par "aucun de nous ne sait ce mot mais c'est pas grave, on se comprend") et c'est cool comme ça. Le véritable serious business commence avec les cours, les vrais.
D'une part parce que vous vous heurtez à l'administration, aux emplois du temps faits à l'arrache, aux horaires qui se chevauchent, aux campus distants de 3 kilomètres (!!), aux cours qui n'existent plus et à ceux qui existent mais dont le niveau fait incroyablement plus peur en vrai que sur le papier.
Techniquement, avant le départ, vous devez choisir tous vos cours en vous basant sur ce que vous voyez sur internet. Évidemment, dans les faits les chances que ces cours ne soient pas aux mêmes heures est impossible, surtout quand comme moi vous étudiez de TOUT et donc dans TOUTES les facultés possibles et imaginables. Je veux dire, rien qu'en France dans ma propre fac j'avais des chevauchements à chaque semestre, alors imaginez un peu le truc quand c'est des cours que vous avez choisis à l'arrache "parce que le nom sonnait bien"... !
Au début on choisis donc ses cours pour les grasses matinées qu'ils laissent. Puis pour les professeurs. Puis pour le contenu vaguement ressemblant à ce qu'on étudie en France. Et puis on fin par en choisir un au pif juste parce qu'il tient bien dans l'emploi du temps et qu'il faut un certain nombre de crédits.

Ma licence fourre-tout a à la fois été une plaie à ce niveau là et une grande chance. Plaie parce que je me paye de passer d'une faculté à l'autre et donc de courir tout le temps. Oui, tout ce qui n'est pas lettres et droit est dans le désert en-dehors de la ville, 30 minutes en bus. Et une chance parce que ça m'a permis de rencontrer une grande variété de personnes, chance que n'ont pas eu ceux qui sont restés avec les mêmes gens tout le temps.
Avant de partir je me faisais la réflexion que jamais je ne voyais beaucoup d'Erasmus dans mes cours et que quand ils étaient là, ils restaient entre eux. Vu de l'intérieur, la tendance est la même. J'ai du mal à vraiment comprendre, mais il y a bien cette tendance des étrangers à rester entre-eux ce qui fait qu'on se retrouve dans des salles de classe avec les Espagnols d'un côté et les Erasmus de l'autre. Dur d'expliquer pourquoi, mais il y a une effet de rassemblement et telle la mouche attirée par la lumière, tu as naturellement tendance à te rapprocher des autres paumés. C'est assez bête dans la mesure où les Espagnols sont super ouverts et accueillants.
Dans mon cas, ça aura dépendu des classes, notamment parce que je me suis retrouvée dans certaines la seule étrangère, ou bien parce que les autres étrangers ne sont arrivés que bien après. Ca mène à des situations comiques, celle où l'étudiant Erasmus vient te voir hésitant pour te poser une question et capte soudainement que tu n'est pas Espagnole à ton terrifiant Sexy French Accent.


100_0184A Murcia on n'a pas d'eau mais on a des fontaines !


L'accent, justement. L'accent de Murcia est impitoyable. C'est un peu comme si les gens parlaient la bouche pleine : ils bouffent les mots (-s is a lie !) ce qui te donne l'impression d'entendre un beuglement au milieu duquel tu distingues vaguement ton prénom accentué bizarrement. Évidemment ce n'est qu'une question d'oreille, on fini par s'y faire, mais il n'empêche que ça entraîne plein de moments awkward, genre faire répéter 5 fois une phrase avant de comprendre que ce "Madona" c'était en fait "MacDonald's".

Enfin, il est de mon devoir de mettre fin au mythe "tu pars en Erasmus pour ne rien branler". Alors disons que oui, tu peux le faire. Ce qui n'est en revanche pas réalisable c'est "partir en Erasmus pour rien branler et valider quand même ton année". Je peux admettre que certains profs (et j'insiste sur le certains) soient plus indulgents envers les étrangers, mais ça ne va pas plus loin. Le nombre de gens que j'ai vu se ramasser était assez effrayant. Mis à part ça, avec l'administration c'est vraiment le joker "screw the rules, I'm Erasmus" qui te permet environ tout, dont ignorer franchement les délais, jouer au benêt avec une certaine crédibilité et leur faire ouvrir la porte quand ils sont fermés (je sais que tu en as toujours rêvé !!)

Et puis il y a la bonne humeur locale : des gens toujours prêt à t'aider, qui s'amusent à te baragouiner les trois mots de Français qu'ils ont appris à l'école et qui te demandent systématiquement "tu penses quoi de Sarkozy ??", les élèves curieux qui aiment te chambrer gentiment sur ta prononciation, voir ta résistance à l'alcool et qui te posent plein de questions débiles sur leur vision fantasmée de la France.
Le temps passant, tu réalises un matin que les beaux jours sont de retour, qu'il ne te reste plus que 2 mois de fun et surtout que la plage dans trois semaines, c'est pas qu'un mythe.

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17 novembre 2011

J'ai testé : une convention espagnole

Il y a quelques semaines, une amie de ma colocataire m'a annoncé tout sourire qu'il y avait un salon du manga en ville le week-end du 11 novembre.
Soit-dit en passant, j'ignore comment elle savait que j'avais un quelconque intérêt en la matière, mais je l'en remercie.

En France je ne vais que très rarement en convention, c'est généralement plus un prétexte pour faire des IRL et dans tous les cas je n'y vais jamais seule. Ne connaissant ici personne en mesure d'être un tant soit peu intéressé par l'affaire, je savais donc que je n'allais pas y passer ma vie. De plus ayant prévu le week-end suivant une escapade touristique, il était hors de question de dépenser des sommes pas croyables, c'était donc pour ainsi dire juste la sortie "curiosité" du week-end. Pardon à l'avance pour le manque de photos et l'extrème foirage des peu qu'il y a.

affiche


Le salon s'étalait du vendredi 11 au dimanche 13, de 9h00 à 21h00. Avant que vous ne vous posiez la question, le 11 novembre n'est pas férié en Espagne. Hé, il n'aurait aucune raison de l'être !
Mon intention était d'y passer quelques heures durant un après midi et j'ai fait mon choix du jour selon le programme.
Bon déjà, pour le vendredi c'était mort puisque j'avais cours. Il y avait le samedi une conférence qui m'intéressait bien, mais elle était également le dimanche où en plus ils diffusaient le film de Trigun. Je suis donc partie sur ce dernier jour. Là où j'ai bien failé c'est que j'étais sûre que la-dite conférence serait à la même heure les deux jours, alors qu'en fait non. Du coup, je l'ai loupée parce que je dormais comme un bébé dans mon lit au moment où elle commençait. No comment...

Arrivée sur place, je peux vous dire qu'il n'y avait absolument pas foule. A tel point que je n'ai pas vu était le guichet o_O D'après une fille qui apparemment c'était fait les trois jours, c'était parce qu'on était dimanche. Je pense que je faisais partie des derniers à entrer et mon ticket titre dans un peu plus que 10 000, mais j'avoue ignorer si ça fait beaucoup, d'une part parce que je ne sais pas si c'est tellement répandu en Espagne, et aussi parce que la convention est assez jeune (troisième édition.)

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Pour l'occasion le Palais des Congrès de la ville avait été réquisitionné, même si ce n'était en fait que dans le bâtiment à côté relativement... petit. Et ce même si la convention occupait trois étages...
Au rez-de-chaussée les stands commerciaux, au nombre de 34 si on en croit le dépliant, ainsi que les fanzines. Tous entassés dans une salle relativement petite, donc, avec une hauteur sous plafond qui en rendrait beaucoup claustrophobes (et à raison !)
J'ai été étonnée par l'absence des stands éditeurs. Je dois admettre que je ne connais pas trop les éditeurs ici, ou même les publications en général (c'est aussi pour ça que ça m'intéressait d'y aller) mais je m'attendais à croiser au moins Glénat qui me semble être un des plus gros (si ce n'est le plus gros) sur le marché espagnol. Il y avait quand même de quoi remplir ses étagères en coffrets DVDs et bizarrement pas trop en mangas, sauf sur le stand de la Fnac (visage connu !) qui arborait d'ailleurs fièrement une peluche Charlotte. Vous savez, le monstre sympatique de Madoka... Par contre niveau goodies, comme d'habitude ça y allait franco, avec relativement peu de HK à ma grande surprise (encore une fois). J'ai même regretté d'être venue sans le sous en voyant les recueils d'illustrations Pixiv...

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Au premier étage se situaient les stands des associations, les bornes de jeux-vidéos, ainsi qu'une salle d'exposition. On trouvait dans cette dernière des illustrations d'auteurs espagnols en soutient au tsunami de ce début d'année, dont j'ai pris mes préférées en photo.
Il y avait aussi un stand BJD (aucune idée de pourquoi il était là et pas ailleurs...) dont je ne me suis pas trop approchée vu la faune qui traînait autour et la chose qui a rapidement attirée mon oeil...
Deux mêtres plus loin se situait en effet un papercraft du Gundam Unicorn, dont j'évaluerais la taille à 1m70. Réellement impressionnant à voir, il a été construit par Newtype, une association locale, au prix de (à en croire l'affiche) 643 pièces, 48 m² de papier, 525 heures et 22 bonnes âmes. Ils exposaient aussi leurs Gunpla dans une petite vitrine à côté. J'ai dérapé par la suite vers leur stand pour leur passer le bonjour et ça m'a un peu attristée de voir qu'entre deux posters Gurren Lagann et VOTOMS ils se prostituaient en en vendant aussi des Junjo Romantica... Bon d'un côté je les comprends, mais ça les a surpris de me voir débarquer et leur demander des badges débiles type Char en pedobear (voyez comme je fais de mon mieux pour maintenir l'excellente image des Français à l'étranger)
Malheureusement ils ne vendaient pas de poster Gundam yaoi. Non non, même pas de Wing !

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Le sous-sol était grosso modo seulement utilisé par la cafétéria reconvertie en salle de jeux de cartes et de plateau pour l'occasion. Au fond on trouvait la salle de projection où j'ai donc terminé mon après-midi devant le film de Trigun qui était bien mais doublé, donc je ne suis pas sûre d'avoir exactement saisit tous les gags. Oui, Vash a un bon débit.

Je suppose que c'est par manque de place, mais j'ai trouvé dommage qu'il n'y ait eu en définitive que si peu de diversité dans les activités de la journée. Tout était étalé sur les trois jours, ce que je peux comprendre pour des choses vraiment ponctuelles type concours, mais pour le karaoke par exemple, j'ai plus de mal à saisir l'idée. Surtout le mettre un vendredi matin durant une heure et demi...


Enfin laissez-moi terminer par une petite minute culturelle !

-J'ai croisé beaucoup de Naruto et de One Piece, mais pas de Bleach. Kuroshitsuji a au moins autant de fangirls qu'en France, et je ne parle pas des Vocaloïds.

-Il n'y a pas de free hugs, mais des abrazos regalo, ce qui est vraiment exactement la même chose mais traduit. On saluera au moins l'effort d'adaptation.

-Le terme "nerd" s'emploie, mais pas celui de "geek". L'Espagnol a son propre mot pour ça : friki.
Ca vient du freak anglais.
J'aime l'idée.

22 octobre 2011

Steins;Gate : toki ga mieru !

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En y pensant très fort, je suis sûre que vous arriverez à vous convaincre que ce message a été rédigé il y a deux semaines et que ce titre n'est pas tout pourri et honteux.

J'aime beaucoup la science-fiction. Je n'y connais pas grand chose et la plupart des concepts "scientifiques" qu'ils soient réels ou non, me passent par dessus la tête. Mais je suis du genre à aimer passer un après midi à regarder les reportages de banalisation scientifique de Arte parce que ça me fait sentir intelligente et aussi parce que c'est super intéressant. Ne me demandez pas pourquoi j'ai fait L malgré tout, la passion et les capacités divergent parfois de façon drastique, ça fait partie du jeu.

J'aime penser que grandir avec Retour vers le Futur, Un jour sans fin, Valerian et Laureline, Chrono Trigger ou Zelda Ocarina of Time a créé chez moi cette espèce d'obsession que j'ai pour les scénarii mettant en avant les voyages dans le temps et surtout, les paradoxes temporels. Je me dis d'ailleurs que les générations élevées à Doctor Who doivent avoir de sacrées séquelles...
Je ne connais pas beaucoup d'animes qui traitent de ce sujet et ce de façon exclusive, je crois en fait Steins;Gate est le premier que je croise. Si vous avez d'autres noms, n'hésitez pas à balancer en commentaire, je vous en serai reconnaissante !

Okabe Rintaro, dit Okarin (et pleins d'autres trucs aussi), 18 ans alors qu'il en fait 25, est un geekos un peu taré qui a monté un laboratoire avec ses potes dans un appartement loué à un réparateur télé. Il s'y livre à des expériences visant à créer des objets futuristes, qui sont invariablement des gros échecs. Mais un jour, coup de bol, ils parviennent sans vraiment à comprendre comment à créer avec leur micro onde un système permettant d'envoyer des SMS dans le passé. La méthode est rudimentaire et peu rodée, mais suffisante pour leur apporter rapidement beaucoup de problèmes... Car évidemment Okabe et ses amis n'avaient pas mesuré à quel point il était dangereux d'essayer de modifier le passé. Tous geeks qu'ils soient, on dirait qu'ils ne connaissent pas trop leur sujet.

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Mais qu'a fait la science !?

Sans y être allée à reculons, on ne va pas dire que j'étais forcément enthousiaste malgré tout à l'annonce de cette série.
Deux raisons : Chaos;Head évoque un traumatisme particulier chez moi. C'est une série que j'ai regardé jusqu'au bout plus par masochisme qu'autre chose... Le fait que Steins;Gate se passe dans le même "univers" m'apparaissait comme tout sauf positif. Je sais que Chaos;Head a souffert d'une adaptation faite à la machette, mais le concept même m'avait rebutée, donc je ne savais pas à quoi m'attendre de la part des mêmes créateurs.

Et puis, au risque (que j'assume) de froisser ses fanboys, j'ai jamais compris la popularité de huke. J'aime environ rien de ses dessins, que ça soit l'inexpressivité de ses personnages ou sa tendance à rajouter trois tonnes de textures pour faire "trokoold@rk". Je suis d'ailleurs contente que le design de l'anime n'y soit pas spécialement fidèle, même si je ne l'apprécie pas spécialement non plus.
Les premiers retours sur la série étaient tout de même positifs : plus les semaines passaient et plus les éloges fleurissaient. J'ai finalement décidé d'attendre d'avoir une vraie connexion la fin de la diffusion pour m'y mettre.

Brillante idée, pour une fois. De regarder la série, mais surtout de la rusher, je veux dire.
Je n'aurais pas tenu la longueur hebdomadairement, les deux premiers épisodes sont vraiment laborieux et font tout pour perdre le spectateur. Ils sont volontairement opaques et enchaînent les fautes de goût, mais l'engouement arrive vite passé ce "cap", bien qu'on réalise assez rapidement que derrière son aspect faussement complexe, Steins;Gate est en réalité une série d'une simplicité presque déconcertante.

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Si Mayuri peut comprendre, vous aussi.

On pourra aisément découper la série en deux parties. La première se place dans une ambiance un peu mystérieuse et malgré tout bon enfant, où l'on voit notre bande de potes s'élargir et tester leur nouvelle invention. La seconde est plus SERIOUS BUSINESS.
Le premier truc qui saute à la tête, c'est que Steins;Gate s'adresse à un public un peu otaku-geek et qu'il ne s'en cache pas : l'intrigue de la série est basée sur des anecdotes et autres légendes du web. Le personnage de John Titor est une personne réelle (ses "actions" sont reprises à l'identique dans la série) et l'histoire du CERN et de son "trou noir" a suffisamment fait le tour des télévisions pour que je vous épargne un résumé des faits. On retrouve aussi diverses références à des rassemblements otaku et autres maid cafés, ainsi qu'à un certain image board.
Personnellement ça m'a plutôt fait rire, exactement comme ce genre de choses m'ont amusée dans The World Ends With You ou encore Durarara!!.

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Puisqu'elle te dit qu'il est COLLECTOR !!!

Ce qui m'a moins amusée en revanche, c'est que les personnages suivent le même chemin. La première heure est un défilé dans la galerie des horreurs : tsundere, moeblob, maid-nekomimi (COMBO), amie d'enfance décérébrée à gros seins et même trap sont de la partie. Pour moi la grosse faiblesse de la série se situe à ce niveau là, notamment parce qu'elle montre à plusieurs reprises qu'elle aurait largement pu s'en passer.
Par exemple, deux de ces personnages n'apparaissent que très peu au final. L'héroïne, Kurisu (Chris ?), s'en serait très bien sortie avec son premier stade de "jeune prodige bonasse" déjà assez lourd, mais pour une raison qui m'échappe ils se sont dit que les tsundere, c'était cool (oui, ça m'échappe vraiment) et donc Kurisu va se mettre à rougir stupidement pour rien.

On dirait qu'ils ont bêtement voulu remplir leur quota de clichés, et ça le fait moyen, même si ça s'insère finalement bien dans le reste du décor.
Heureusement, à la manière d'un Higurashi no naku koro ni (bien que les personnages soient, entendons-nous bien, largement plus faibles) en tant que groupe ils fonctionnent très bien. Même si au début elle peut laisser pantois, on fini par croire à l'amitié qui les lie et les suivre dans leurs délires "scientifiques" devient un vrai plaisir. Ca confirme que j'apprécie ce genre d'alchimie et d'ambiance "bon enfant", point que j'avais déjà bien aimé dans Loup=Garou ou Dennou Coil, bien que ces séries n'aient rien à voir entre-elles, hein.

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J'ai 18 ans et j'emmerde les Prix Nobel

La seconde moitié de la série m'a malheureusement moins emballée.
La rupture est marquée par un épisode choc lors d'une scène fichtrement bien réalisée et laissant sur les fesses. Passé ce cap, le rythme s'accélère et une véritable course contre le temps (hoho) s'engage pour Okabe et ses amis. Grosso-modo, on peut dire que cette seconde partie applique les principes mis en place dans la première. C'est assez louable comme méthode, malheureusement je n'ai pu m'empêcher d'être frustrée.

Pourquoi ?
Parce qu'alors que les histoires de voyages dans le temps ont un potentiel de mindfuck et de folie terrible, Steins;Gate ne fait que légèrement exploiter le principe. Rien de super élaboré, une simple utilisation du principe de l'Effet Papillon, qui bien qu'étant agréable laisse un goût de trop peu dans la bouche quand on pouvait légitimement en attendre plus. Peut être ai-je été trompée par les quelques avis que j'avais lu à droite et à gauche durant la diffusion de la série et qui semblaient sous-entendre qu'elle était complexe... Mais quoiqu'il en soit, non, elle ne l'est pas. Branchez votre cerveau deux minutes et même Retour vers le Futur est plus apte à vous filer un mal de crâne, c'est dire.

Je fais peut être partie d'une minorité à préférer le blabla à l'action la plupart du temps, je n'en sais rien, mais face à ce genre de synopsis, oui clairement. Sinon j'ai l'impression qu'il y a eu mensonge sur la marchandise. Et non, le fait que Steins;Gate soit à l'origine un Visual Novel n'était pas spécialement un signe précurseur, lire Umineko no naku koro ni m'a prouvé que le support pouvait autant sinon plus donner mal à la tête et troller le lecteur que n'importe quel bouquin.
Au crédit de la série, ça lui évite de se ramasser et de sombrer vraiment dans le n'importe quoi total. Elle reste relativement cohérente de bout en bout et même la fin qui aurait tendance à m'énerver en temps normal n'est pas si déplaisante que ça.

Ça ne veut pas dire que la seconde partie de Steins;Gate est mauvaise, bien sûr. Une fois que fois que j'ai accepté mon triste destin, je n'ai pas fait comme Okabe : je ne me suis pas acharnée et j'ai préféré me laisser porter gentiment. Ca me réussi mieux qu'à lui et j'ai tout enchaîné avec plaisir jusqu'à des heures peu recommandées quand on doit se lever le lendemain. C'est bête à dire, mais ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti une telle envie d'enchainer les épisodes avec un anime. C'est quelque chose que je fais en fait assez rarement ces derniers temps, soit parce que je suis les séries hebdomadairement, soit parce que j'ai pour principe de me limiter à 2 épisodes par jour maximum quand je regarde en DVD... Ou bien tout simplement parce que ce que je regarde ne me passionne pas des masses.

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"A suivre ????"

D'ailleurs niveau rythme, j'ai trouvé la seconde moitié meilleure que la première. Le truc qui m'y avait choquée, c'était les fins d'épisodes qui arrivaient sans prévenir comme un cheveux sur la soupe. La seconde partie est plus dans l'esprit "je te balance un gros cliffhanger 2 secondes avant la fin" ce qui pousse invariablement à se jeter comme un requin sur la suite. Je plains vraiment ceux qui ont suivi la série hebdomadairement : ils ont dû dormir au début et avoir des envies de suicide à la fin. En tout cas je sais qu'à leur place, ça aurait certainement été mon cas.

Le ton devient résolument pessimiste et le drame s'installe aussi correctement, bien que certains épisodes manquent profondément d'impact. Évidemment, comment voulez-vous vous attacher à un personnage qui a des cheveux roses, une voie de fausset, des oreilles de chat et qui termine toutes ses phrases par "nyan" ?? Comment voulez-vous avoir de la pitié pour ce personnage, ou même le plaindre ? Moi j'aurai plutôt envie de le voir finir au feu...
Peut être que les créateurs partageaient cette pensée (non ce n'est pas du spoil, Feris ne fini pas incinérée, calmez vous) car ce personnage et ses autres compatriotes clichés numéros 2 et 3 sont rapidement mis de côté, eux et leur Passé Torturé©.
De la même manière, les "méchants" sont assez caricaturaux et font plus rire qu'autre chose, mais ils n'occupent pas une place tellement importante dans la série, puisque l'ennemi principal de notre héros est bien sûr le temps lui-même et la façon dont il est devenu vicieux, comme en réponse à ses expérimentations.

J'ai eu tout du long l'impression que la série ne se prenait pas super au sérieux, bien qu'il soit question d'enjeux de plus en plus démesurés. Peut être est-ce pour cela que j'ai fini par relativement m'attacher à Mayuri, la fameuse amie d'enfance décérébrée à gros seins, qui fini par occuper une place très importante au coeur de l'intrigue malgré son inactivité flagrante.
Mais bon vous savez, les adaptations des jeux Key sont mon péché mignon, donc il est possible que je sois aussi attachée à la niaiserie... Mayuri m'a néanmoins plu dans le fait qu'elle ne soit pas un personnage auquel ils se sont sentis obligés de rajouter un Passer Torturé©, contrairement aux autres (à l'exception d'Okabe et de Daru l'otaku, les deux seuls hommes de la bande)
J'ai malheureusement peur que ce choix n'ait été fait que pour faire contre-poids avec le karma pourri qu'elle cumule par la suite, mais bon... J'ai bien aimé ce qui se dégage de son duo avec Okabe, ils parlent peu mais communiquent avec de longs regards affectueux et ça me rend toute guimauve :3

Le seul personnage féminin qui, objectivement cette fois, me parait se démarquer est Suzuka, même si ça partait assez mal. Je n'en dirais pas plus, mais elle a droit à pas mal de développement et à des scènes très bonnes où pour une fois, l'implication sentimentale y est pour de bon (ah, l'épisode 16...)

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La première fois que je peux blairer
Mamoru Miyano depuis Death Note

Malgré sa configuration harem (gardons à l'esprit que le casting est composé à 80% de femmes...) ce n'est pas du tout l'impression finale qui ressort quand on regarde la série. Il n'y a pas d'ambiguité, pas de scènes de drague ou autres où les filles tombent toutes aux pieds du héros, et tant mieux.
Okabe est un héros lui-même différent de ce qu'on a l'habitude de voir. Son trait dominant (du moins au début) est qu'il est un peu dérangé du ciboulot. En réalité cet aspect à tendance à s'éclipser, puisqu'on comprend assez vite qu'il n'est pas vraiment fou et que c'est plus sa façon de s'amuser. Alors quand le SERIOUS BUISINESS commence, il ne rigole plus... Il hurle, pleure, se débat et surtout, il en chie.
Et ça, c'est cool.

On s'attache bien à Okabe. Il est pathétique mais humain et surtout, il a des moments de bravoure et de classe qui le rendent supérieur à la masse de héros acharismatiques peuplant ce genre d'adaptations.
C'est d'ailleurs paradoxal que Steins;Gate ne suive pas la voie harem alors que les donzelles de ce type de productions tombent d'habitude dans les bras des plus gros loosers possibles sans raisons particulières. Bien sûr, Okabe est aussi un looser, mais disons qu'il est un looser sympathique, à la manière d'un Keiichi.


Deuxième référence à Higurashi, troisième à When they cry, il est temps de mettre rapidement un terme à cet article.
Mangez du Steins;Gate, je ne pense pas que vous aurez l'impression de perdre votre temps, au contraire.
En raison de quelques défauts assez énervants, elle n'est pas LA série de l'année, mais elle fait largement partie du lot de tête, alors pourquoi s'en priver ?

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*disparait dans un nuage de fumée*

10 septembre 2011

Hasta la vista, baby

L'heure étant au 3615 ma vie, je m'y mets aussi.

Certains de mes lecteurs le savent déjà, d'autres pas, mais je passe cette année à l'étranger, dans le Sud-Est de l'Espagne plus précisemment.
J'y suis depuis une semaine et depuis tout ce temps je cherche désespérement à avoir une connexion internet viable. Ca vient de ce produire. Oh, pas de façon "normale", vous comprenez, ouvrir une ligne ici c'est au moins aussi chiant que de le faire en France sauf qu'en plus on me demande un passeport (que je n'ai pas, Europe, libre circulation des personnes, tout ça...) Les seuls trucs sans engagements sont bien évidemment des clés 3G et aucun être humain n'a assez de reins pour pouvoir décemment surfer avec. J'alterne donc avec les WIFI plus ou moins stables que mon ordinateur arrive à capter, pour le meilleur comme pour le pire, et ça me tape pas mal sur les nerfs.
Et je dois encore attendre jusqu'au 19 pour pouvoir profiter de l'internet de la fac...

Bref, ça c'était pour le côté pratique, pour le reste ce n'est pas ma connexion mais bien le reste qui risque de changer un peu le contenu de ce blog. Pas des masses non plus, mais disons qu'il y a des chances pour que plus de racontage de vie, de photos pleines de soleil et de ciel bleu viennent envahir ces pages. Concrètement, je ne suis de toute façon pas grand chose cette saison, mais c'est au niveau des mangas que ça me fait vraiment mal de devoir mettre en hiatus de force les séries que j'achetais religieusement.
Le déménagement de mon appartement de Lyon, où je vivais depuis 3 ans, et le nombre de volumes accumulés m'ont fait réaliser qu'il ne serait pas très judicieux de commencer à flamber en bouquins ou DVD cette année...

Restez branchés !

23 août 2011

Le détective était déjà mort

Vacances, glandouille, déménagement, merdouilles administratives, soleilpluie, flemme, pingouins, etc, etc...
Et jeux-vidéo.
L'été a quelque chose de super psychologique sur la motivation, même quand il est tout pourri et ressemble surtout à un mois de mars.

Vous noterez que j'ai toujours un siècle de retard sur le reste du monde à environ tous les niveaux et ça inclut aussi le domaine vidéo-ludique. C'est même pire en fait, car je crois n'avoir jamais été particulièrement au courant pour tout ce qui touche aux consoles, sauf peut être pour Fire Emblem, et pourtant j'y joue plutôt beaucoup !
Ma curiosité m'a poussée le mois dernier en juin dernier à aller faire un tour au rayon jeux soldés d'un magasin que je ne nommerai pas, à l'enseigne jaune et aux vendeurs peu compétents. C'est là que, perdu au milieu des "Léa passion" et autres jeux à licence ignobles se trouvait une tête connue dont j'avais entendu dire du bien, j'ai nommé Ghost Trick.
En tant que grande fan de la franchise Ace Attorney de Capcom, je connaissais bien sûr Ghost Trick de nom et de visu, puisque l'équipe derrière est la même. Je ne m'étais jamais penchée dessus plus que ça parce que ça ne semblait pas être le genre que j'appréciais, mais à -80%, passer à côté aurait relevé du crime.
Me voilà donc lancée dans ce jeu dont j'ignore tout et dont le design me sort par les yeux.

45436-ghost-trick-1_1280Et vous pleurez en repensant à l'horrible jaquette française

Ce monsieur qui vient apparemment de passer une sale journée et qui a une coupe de cheveux tellement improbable qu'il semble sorti tout droit de Yu-Gi-Oh!, c'est vous. Sissel. Et vous êtes mort.
Heureusement, dans le monde fantastique de la fiction, une fois raide vous avez la chance de pouvoir faire chier votre entourage en passant en mode poltergeist et en prenant possession des objets vous entourant.
C'est globalement tout ce que vous pourrez faire en tant que joueur : posséder des choses du quotidien et influer de façon parfois minime sur elles pour vous déplacer, signaler votre existence ou forcer le destin pour qu'il joue en votre faveur.

Comme c'est très pratique et que sans ça il n'y aurait pas de jeu, vous êtes amnésique en plus d'être mort et vous n'avez qu'une nuit devant vous pour résoudre le mystère derrière votre décès prématuré. En effet, une fois le jour levé, votre existence en tant que fantôme touchera définitivement à sa fin.
Sans le moindre indice en votre possession et sans savoir par où commencer, vous déciderez de suivre une jeune détective aux cheveux roux et en bien mauvaise posture au moment de votre mort. Votre âme de bon samaritain et votre pouvoir vous permettant de remonter le temps 4 minutes avant la mort d'une personne (exceptée la votre, bien sûr, ça serait trop facile sinon...) vous autoriseront à lui sauver la vie en influant de façon parfois minime sur votre environnement.
De fil en aiguille, les différentes personnes que vous aiderez et d'apparence sans liens se retrouveront finalement toutes mêlées à une étrange affaire qui une fois résolue apportera toutes les réponses à vos questions... Et même au-delà (?)
Dit de façon beaucoup moins dramatique : vous vous baladez au fil de la soirée d'objets en objets, vous remontez inlassablement le temps pour modifier le destin et sauver les gens qui vous entourent et qui ont tendance à passer de vie à trépas de façon alarmante et stupide.

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En bleu : les objets de la pièce sur lesquels vous pouvez aller.

Ghost Trick est en réalité un point and click complètement linéaire. A la différence de ces jeux un poil vicieux qui vous permettaient de progresser sans toutes les clés pour mieux vous tuer deux heures plus tard parce que vous aviez oublié quelque chose, Ghost Trick vous refusera le passage tant que vous n'aurez pas fait tout le nécessaire pour faire basculer le destin en votre faveur. A noter que contrairement à ce qu'on pourrait penser au début (du moins, ce que je pensais... ?) la limite "une nuit" est en fait complètement incluse dans le scénario. C'est à dire que plutôt que de s'arranger pour remonter le temps à l'infini et progresser de façon différente à chaque fois pour comprendre la vérité sans pour autant s'évaporer au petit jour (à la Un jour sans fin, si vous voyez ce que je veux dire), Sissel préfère laisser le temps s'écouler dès qu'il a réussi à sauver quelqu'un.

En temps que joueur, vos interactions sur l'environnement sont en fait assez limitées. Vous ne pouvez vous déplacer que d'objets en objets, s'ils ne sont pas trop éloignés, et n'influer que sur certains d'entre eux et ce de façon très simple. Ils sont d'ailleurs choisis de façon assez arbitraire, ce qui est étrange étant donné que le scénario s'attelle à justifier de façon relativement logique des tonnes d'autres choses...

Par exemple, vous vous mettez sur une feuille de papier, vous la faites basculer dans le vide et elle vous entraîne plus loin. Au fur et à mesure du jeu, des mécanismes plus complexes se mettent en place, façon "effet domino". Votre pire ennemi est le temps lui-même, qui vous forcera à avoir un timing relativement serré pour pouvoir sauver les gens in-extremis. En effet, eux, agissent toujours strictement pareil et foncent vers leur mort (destin, tout ça) à moins que vous ne les détourniez de leur fin d'une façon ou d'une autre. Vous noterez qu'il n'y a qu'UNE SEULE façon de sauver quelqu'un et trouver comment est souvent ce qui demande le plus de temps. A part ça, ce n'est jamais très compliqué. J'ai même souvent perdu parce que je m'efforçais à chercher plus vicieux et difficile que ce que le jeu attendait de moi, tout ça parce que ça me paraissait être "trop simplet".

Ghost Trick est l'antithèse du jeu stressant puisqu'au moindre échec de votre part, pour pourrez toujours remonter le temps et recommencer tranquillement et presque inlassablement vos tentatives de sauvetage. Parfois, le héros ira jusqu'à vous encourager à faire "un tour pour rien", juste pour mieux cerner la situation. Je trouve ça un poil glauque sachant que ça rime à tuer la personne à chaque fois, mais bref. La mort n'est pas franchement prise au sérieux dans ce jeu, je pense d'ailleurs que rien que la pose extrêmement élégante dans laquelle vous êtes retrouvé mort au début du jeu en dit long sur l'esprit dans lequel le tout baigne.

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VOTRE DIEU.

L'humour et les personnages sont tellement proches de "l'esprit" Ace Attorney que la parenté entre les deux jeux ne saurait être niée. D'un côté c'est une bonne chose, car je crois n'avoir jamais autant ri sur un jeu vidéo qu'en jouant à un Ace Attorney ; d'un autre on a une très désagréable impression de déjà vu par moment.
Le héros, Sissel, malgré sa coupe de cheveux SUPER STYLEE (puisque je vous le dit) n'est pas super intéressant en raison de son amnésie archie-revue dans le principe et qui joue rarement en faveur d'un personnage. Il sait rien, quoi. J'ai pour ma part plus apprécié les sidekicks, comme l'inspecteur Cabanela que pour le coup je VEUX voir apparaître dans un Ace Attorney, rien que pour le cuisiner. Lynne, notre inspectrice rouquine, m'a immédiatement fait penser à Yoko de Gurren Lagann, certainement en raison de son design et de son caractère bien trempé. Elle est plutôt cool.
Mais la vraie grosse surprise, c'est Missile. "Ce sale clébard" penserez-vous dans un premier temps (affectueusement surnommé Pedodog par mon frère en raison de sa vague ressemblance avec l'ours...) se transformera peu à peu à vos yeux en le noble compagnon canin qu'il est. Et je n'aime même pas les chiens.

Le scénario est bien ficelé, en tout cas il tient suffisamment en haleine pour vous poussez à jouer, jouer et jouer encore jusqu'à arriver à la dernière minute. Bien qu'étant complet, et j'entends par là qu'il se suffit à lui-même de bout en bout et qu'une suite me ferait peur, le jeu m'a paru être trop court.
Il doit avoir une petite dizaine d'heures de durée de vie, en fait, mais le côté très linéaire donne l'impression qu'il est bien plus court. On reste presque sur sa faim à la fin (...) bien qu'elle soit très satisfaisante et conclusive. Peut être parce que tout ça a définitivement un arrière goût de Ace Attorney, le fantastique en plus. C'est à dire que j'ai été surprise par les révélations (impossible de deviner le fin de mot de l'histoire, à mon avis, même si j'ai eu quelques doutes à certains moments) mais pas par la tournure des choses. Ça semblera peut être plus surprenant aux yeux de certains, mais après avoir bouffé 5 jeux plein d'enquêtes complètement tordues, on fini par être un poil blasé.
J'ai quand bien aimé certains passages, en particulier un des derniers niveaux qui m'a fait penser à James Bond.

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Un des nombreux niveaux

L'aspect visuel, par contre, est beaucoup plus rafraîchissant. Les décors grouillent de détails et surtout, les sprites des personnages sont très très bien animés. Ils ont des petits gimmicks bizarres quand ils se déplacent, on a vraiment l'impression de regarder un monde miniature... Et puis c'est juste génial, quand on débarque dans un nouvel environnement, d'essayer de voir comment on va pouvoir se débrouiller pour avancer quand ça sera à notre tour de jouer. Lors des phases de dialogue, c'est moins réjouissant : manque d'expression ("normal", "content", "triste") et bon, c'est plus personnel mais j'aime toujours pas le style de dessin.

Ce qui est le plus dommage, c'est l'impression que le système de jeu n'a finalement pas été exploité comme il aurait pu l'être. Il y a du bon, mais dans l'ensemble ça reste un peu trop "basique". J'aurais aimé plus de chaînes d'événements façon "domino", la plupart du temps on se contente de vous demander d'être au taquet sur une action précise et pour le reste, se déplacer par boulettes de papier et placards devient rapidement la routine.

Ghost Trick est ce que je qualifie affectueusement de "jeu à concept". Vous savez, ces jeux où quand on y joue, on sent que les créateurs se sont fait plaisir et ont eu une vraie volonté de sortir des sentiers battus. Bref, des jeux qui ont une "âme", même s'ils sont souvent perfectibles. Faudra que j'écrive quelque chose sur The World Ends With You, dans le genre il se pose là et c'est pas comme si le nom de cet endroit y faisait référence...


Pour finir, il me faut aussi souligner l'extrème professionnalisme dont Capcom a fait preuve en livrant une fois de plus une VF niveau fansubeurs décébrés, avec un édifiant "j'ai été tuée" à moins de cinq minutes de jeu.
Ah oui, c'est un homme qui est censé parler.

OTL

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6 juin 2011

Saiunkoku Monogatari : qui veut gravir une montagne commence par le bas

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J'avais évoqué Saiunkoku Monogatari dans ma critique du Chant des Rêves, disant que ce dernier aurait eu intérêt à en suivre le format pour parvenir à être un minimum pertinent. Je n'avais à l'époque pas encore terminé la série, qui est assez longue. J'ai mis pas mal de temps à en venir à bout, du coup, mais c'est sans regret : elle entre sans problème dans la catégorie "série que presque personne n'a vue mais qui vaut le détour". Raison suffisante pour que j'en parle.

Cet anime, divisé en deux saisons réalisées entre 2006 et 2008 par Madhouse, est l'adaptation plus ou moins fidèle d'une série de light novels (18 au total, les deux derniers sortant cet été) à destination d'un public féminin. Les prémisses ne sont donc pas forcément très engageantes et il faut bien avouer que je m'y suis mise à deux fois avant de réellement lui laisser sa chance et de l'apprécier.
Ce qui m'avait attirée avant tout, c'était les éloges que j'avais pu lire à droite et à gauche à son sujet, mais surtout l'univers de la série.
Ce qui me repoussait : le côté girly de l'ensemble et surtout le chara-design.

L'histoire se situe dans un royaume, Saiunkoku ("le royaume aux nuages multicolores"), qui évoque fortement la Chine antique, une pointe de fantaisie en plus. Saiunkoku est divisé en provinces, toutes plus ou moins puissantes et soumises au pouvoir central.
Une dizaine d'années avant le début de l'histoire, l'Empereur est mort et ses fils se sont entre-tués pour prendre sa succession. Au final il n'en est resté qu'un, le cadet Shi Ryuuki, ironiquement le seul à ne pas être intéressé à l'idée de gouverner le pays. Il se retrouve donc subitement propulsé au rang d'Empereur contre sa propre volonté, ce qui ne manque pas de créer de gros problèmes puisqu'il se sent plus concerné par la drague et la glandouille que par les affaires politiques et militaires du pays.
Face à cette situation épineuse, ses conseillers décident de prendre les choses en main. Moyennant une forte somme d'argent, Kou Shuurei, héritière d'une famille noble mais pauvre de Saiunkoku, accepte de devenir concubine de l'Empereur avec pour mission officieuse de lui mettre un peu de plomb dans la cervelle. Grâce à sa nouvelle position, Shuurei approche de près son rêve de toujours : entrer en politique dans un monde extrêmement machiste où la femme est condamnée à faire la bouffe et à s'occuper des gosses.
On suivra tout au long de la série son émancipation et son combat pour montrer ce qu'elle vaut et tenter de s'imposer comme une figure politique importante de son pays.


Paye ton respect

L'erreur à ne pas faire lorsqu'on commence Saiunkoku Monogatari est de s'attendre à un anime de romance.
Quand on lit sur des forums des avis sur cette série, ils sont constitués à 90% de femmes (filles ?) qui ne parlent pratiquement que de qui va finir avec qui, mais ne vous laissez pas tromper pour autant. Le premier arc (7 épisodes) est en effet complètement axé là-dessus, mais il n'est que peu représentatif de la suite. Tellement peu qu'en fait, j'avais été dégoûtée lors de ma première approche de la série tant la perspective de voir les folles aventures de Shuurei à la cour impériale et son jeu de séduction avec l'Empereur me faisait peur. Certains passages au début sont dignes d'une mauvaise fiction chinoise, c'est pour dire.
Ce n'est pas pour rien que vous ne trouverez pas de review sur des animes ou mangas romantiques ici, je n'en lis pas -ou peu.

Comme je le disais plus haut, le chara design n'aide pas franchement non plus. Je n'ai rien contre les sublimes illustrations du roman et contre les bishônen, mais Saiunkoku Monogatari est too much à ce niveau là, à tel point qu'on peut deviner l'importance d'un personnage à son design. Tu es beau et un clone de tous les autres avec juste les cheveux d'une couleur différente ? Félicitation, tu es un personnage important ! Peu étonnant quand on sait que l'illustratrice est derrière le chara design de la série d'otome game Angélique !
Les révélations en papier mâché du début sont aussi particulièrement pénibles et laissent penser qu'on nous prend vraiment pour des débiles, c'est donc sans trop de regrets que j'avais lâché l'affaire avant de m'y remettre il y a deux ans, toujours poussée par des avis positifs qui mettaient en avant autre chose que la romance.
Et fort heureusement, la suite dément à peu près tout ce que le début suggère : ça fera plaisir aux gens qui comme moi regardent plus pour l'intrigue politique et ça attristera ceux qui en attendaient un vrai harem inversé. En effet, la romance reste de bout en bout assez secondaire dans l'histoire.

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Pendant ce temps là, l'Empereur...

Alors , quelle est au juste l'intrigue de Saiunkoku Monogatari ?
C'est une question à laquelle j'aimerais avoir une réponse claire, à vrai dire. Histoire de ne pas trop me mouiller, je dirai que c'est "juste" le parcours en politique de Shuurei, un parcours qui va se trouver être semé d'embuches. Il n'y a en effet pas vraiment de "but" dans l'histoire, mais différentes missions que Shuurei devra mener à bien, que ce soit pour son bien-être purement personnel ou pour celui du pays.
Le scénario se découpe en plusieurs arcs plus ou moins longs et sérieux et marquant chacun un nouveau pas, en avant ou en arrière, dans la carrière de Shuurei. On la verra ainsi partir à l'aventure dans tout le royaume ou bien tout simplement réviser dur pour parvenir à entrer dans la fonction publique. Il est assez sous-entendu tout au long de la série qu'il y a quelque chose de plus "gros" derrière, quelque chose qui dépasse complètement Shuurei, le spectateur... et apparemment aussi l'auteur.

Il y a en effet dans cette série des éléments extrêmement bien développés, et je pense là aux différents clans et au fonctionnement du Royaume, et d'autres qui semblent un peu délaissés par l'auteur et mis là "pour faire jolis". J'évoquais au début le fait que la série était teintée de fantaisie : on trouve en effet de temps en temps un peu de magie. A Saiunkoku, les légendes semblent toutes avoir une part de vérité. On voit ainsi déambuler de temps en temps des personnages immortels qui semblent avoir des plans dont on ignore les tenants et aboutissements. J'imagine que ça s'éclairçit à la fin des livres, mais jusque là mieux vaudra être patient, l'auteur étant avare en précisions. Ne vous attendez donc pas tellement à un développement de ce côté là, c'est tellement discret que les manifestations magiques font plus tache qu'autre chose dans le décors.

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Imposer ses idées

D'une façon générale, on ne risque pas l'hypertension en regardant cette série qui est terriblement lente. Je ne dirai pas trop lente, car elle sait être passionnante, mais quand on passe près de 20 épisodes sur un personnage que vous ne pouvez pas encadrer, forcément ça peut devenir lassant. Bon là, c'est purement personnel bien sûr, il se trouve juste que c'est tombé sur LE personnage que je ne pouvais pas encadrer, malgré tous les autres qui sont très agréables ou du moins intéressants...
C'est peut être le moment où, voyant ce chiffre, vous vous demandez sérieusement quelle est la longueur de cette série. Deux saisons ont été produites, comme je le disais au début, mais elles font chacune 39 épisodes ce qui nous amène donc à près de 80 au total. Ça explique donc que oui, la série puisse se permettre d'en passer 20 sur un mec en train de mourir au fond d'une grotte.

Pour une raison que je peux concevoir, je sais très bien que les gros chiffres ont tendance à faire fuir beaucoup de monde. Si cette durée engendre certains moments à vide dans la série (ça doit être l'horreur à suivre hebdomadairement...) elle la sert globalement très bien. Qui dit beaucoup d'épisodes dit beaucoup de temps. Et du temps, une série comme celle-ci en a énormément besoin pour parvenir à donner vie à son univers et surtout à ses personnages. Quand on voit comme il est rare aujourd'hui de trouver des séries qui se voient accorder autant de temps pour leur développement et combien certaines s'effondrent justement parce qu'elles sont soumises à un format trop court, j'ai envie de dire qu'il ne faut pas cracher dans la soupe.

Le royaume de Saiunkoku n'est pas votre univers fantastique numéro 126 : il a connu des guerres, des épidémies, la pauvreté et l'abondance, on complote pour en prendre le contrôle et ses légendes se transmettent à travers les siècles. Quand on nous explique que l'Empereur offre des iris violets en signe de loyauté et de confiance à ses proches collaborateurs, ça n'apporte concrètement rien à l'intrigue, mais des tas de petits détails ainsi cumulés offrent une chose dont peu de séries peuvent se vanter : de la crédibilité. J'aime particulièrement le soin apporté au design des vêtements, extrêmement riches en détails et d'une grande beauté, qui témoigne aussi d'un vrai travail de recherche.

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L'ancêtre spirituel de Jeremiah, assurément.

Une des principales caractéristiques de cet univers, ce sont les différents clans qui dirigent le pays et se livrent à des jeux de pouvoir et d'influence. Chaque clan correspond à une province dont ils ont été les fondateurs, ils sont nommés selon les couleurs de l'arc-en-ciel (d'où Saiunkoku) : Shi (violet), Ran (Bleu), Kou (pourpre), Sa (marron), Heki (vert), Kou (jaune), Hyou (bleu clair), Haku (blanc), Koku (noir)... Détail tout bête mais qui rajoute un petit côté folklo : les personnages sont souvent habillés aux couleurs de leur clan, comme il a toujours été commun de le faire au sein des familles nobles du monde entier pour affirmer sa position sociale.
Chaque clan a sa spécificité ; par exemple Shi est la famille impériale, Hyou est une famille de mages, Heki d'artistes, etc... Ainsi certaines alliances sont plus promptes à se faire que d'autres, tandis que certains clans se repoussent naturellement.

Cet aspect de l'anime est certainement un de ceux m'ayant le plus plu, d'une part parce que j'adore en général les histoires de famille et d'autre part parce que ça contribue activement à donner une vraie crédibilité à l'histoire. Pour une fois on n'a pas l'impression d'avoir une généalogie qui comprend papa-maman les enfants et basta, mais on sent bien l'héritage des années et des ancêtres.
Le poids du clan pèse en effet très fort sur les personnages, puisqu'il transmet un certain nombre de valeurs et d'obligations que ses membres se doivent de suivre. Ainsi les clans Kou et Ran, bien que servant l'Empereur (Shi), sont d'une puissance égale à lui et peuvent donc se permettre de le soutenir activement ou non, ce qui fait toute la différence. A l'inverse, le clan Sa est fortement diminué et ses membres feront tout ce qui est en leur pouvoir pour redorer son blason, à coup de fourberies ou de mariages arrangés... Ce qui constituera un arc important dans la série.
L'histoire personnelle de Shuurei ne fait que s'imbriquer dans l'histoire du Royaume à grande échelle.

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Rencontre sous les cerisiers en fleur

Parallèlement à l'intrigue tournant autour du destin de Shuurei, on suit de façon plus globale le règne de Shi Ryuuki. Le personnage n'apparait en fait que relativement peu dans la série : contrairement à un Hakuoro, Ryuuki sait bien que sa place en tant qu'Empereur n'est pas sur les champs de bataille mais au palais. Ce sont ses différents conseillers et fonctionnaires qu'on suivra plutôt, que ce soit pour exécuter ses ordres ou au contraire pour comploter contre lui. Il est important de noter que si on assiste à différents conflits à plus ou moins grande échelle tout au long de la série, jamais on ne voit vraiment de batailles. Tout est uniquement traité depuis les coulisses, ce qui n'empêche pas de gros enjeux, ou certains moment de pure tension, comme la fameuse partie d'échec façon roulette russe de la première saison.

Ryuuki n'étant pas un empereur particulièrement aimé ou compétent, on retrouve bien sûr le lot de conspirateurs un peu clichés ("je suis vieux et j'ai soif de pouvoir !") mais aussi des personnages un peu plus complexes et pas foncièrement méchants, comme Reishin, haut-fonctionnaire, qui bien qu'étant au service de l'Empereur ne consentira jamais à approuver ses méthodes et à l'accepter comme son dirigeant. A contrario, d'autres vont finir par acquérir peu à peu une certaine confiance pour l'Empereur, voir même du respect.
Tous les personnages, et ils sont très nombreux, ont plus moins droit à leur focus. Ils ont chacun leurs objectifs, doutes, craintes et histoires familiales. Pour la plupart, Shuurei ne constitue qu'un nouvel élément dans leur environnement. J'entends par là qu'ils ne vont pas se mettre en quatre pour elle parce qu'elle est Shuurei, mais qu'ils continuent de vivre leur vie et d'évoluer dans la série à ses côtés ou indépendamment d'elle. Il n'est pas rare qu'un personnage soit introduit pour ne trouver son utilité que bien plus tard dans la série, c'est parfois assez déstabilisant car à l'instar d'un Legend of the galactic heroes, on ne retient pas toujours forcément qui est qui et qui fait quoi. Les noms plus typés chinois que japonais sont aussi assez pénibles à retenir au début quand on n'a pas l'oreille.

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Les doutes de Ran Shuuei

Si je vous ai dit plus haut qu'il était inutile regarder Saiunkoku Monogatari exclusivement pour sa romance, il n'en demeure pas moins qu'elle occupe une certaine place dans la série, certes en retrait par rapport à la politique, mais une place quand même. C'est en quelque sorte le fil rouge de l'histoire.
Je dois vous avouer que je n'ai pas une grande connaissance du genre harem inversé. Mes approches dans ce domaine sont allées du cauchemar vivant à la petite série regardable. On ne peut pas dire que ça m'ait donné envie d'aller chercher plus loin... Et cet aspect, bien que relativement discret dans Saiunkoku Monogatari, est à l'origine de ses plus grandes faiblesses. Je vous rassure, on est loin des caricatures extrêmes liées au genre type "un perso=un trait de caractère", mais disons que la série peut difficilement nier ses origines.
J'ai déjà évoqué le casting plein de bishônen, mais il y a aussi le "cas" de Shuurei.

En toute honnêteté, Shuurei flirte avec la Mary Sue qui peuple bien des shôjos, à une exception près : elle n'est pas niaise. Ou plutôt, elle n'est pas l'archétype de la demoiselle en détresse qui passe son temps à pleurer et qui est en pâmoison devant son bishônen. Shuurei a du caractère, beaucoup de caractère même. Elle sait imposer ses idées, se faire entendre et surtout, utiliser son cerveau.
Elle est aussi (malheureusement) bonne cuisinière, excellente joueuse de erhu, gentille et compréhensive, généreuse, douce et même mignonne. Les deux pauvres défauts qu'on lui attribue sont par ailleurs assez risibles : elle aime l'argent (ciel) et est un peu garçon manqué (re-ciel).
Franchement, sans son caractère, Shuurei serait à jeter. Mais le fait qu'elle ait plus de personnalité que toutes les nanas d'harems (inversés ou non) confondues la rend mémorable et agréable à suivre. Juste un peu lourde parfois par sa naïveté. On a envie de lui dire d'être réaliste, que le monde des bisounours n'est pas la vraie vie... Cet aspect assez prononcé au début est néanmoins bousculé au fil du temps.
Ainsi tout un pan de la seconde saison est consacré à faire comprendre à Shuurei que le monde est fourbe et sans pitié. Amen.

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"Qui a dit "fourbe" ? :D"

La relation de Shuurei avec les hommes commence fort mal, non pas pour elle, mais pour moi qui aime quand c'est un minimum pimenté et tordu.
Pour être franche, j'ai eu très peur au début, car pendant un nombre assez conséquent d'épisodes, Shuurei est entourée d'hommes bienveillants, gentils et surtout, nourrissant pour elle un amour pur et chaste. C'est d'ailleurs toute cette niaiserie qui fait que je ne porte que peu d'attention aux deux prétendants principaux et à leur relation avec la jeune femme. Heureusement c'est quand même un peu plus pimenté que "-Machin-san... *étoiles dans les yeux* -Oh, Bidule-dono... *léger rougissement*"

Ryuuki, certainement le chouchou des fans, ne peut prétendre à l'épouser pour la simple et bonne raison que cela signifierait la fin des rêves politiques de Shuurei. Bah oui, la concubine de l'Empereur, c'est un peu louche si elle prend des galons... Et ce n'est pas vraiment dans le genre de Shuurei que de se laisser mourir dans l'ombre de quelqu'un -surtout pas d'un homme ! Néanmoins, leur couple semble être le plus canon et ils sont choupinets ensemble. Leurs interactions bien que rares, sont plus intéressantes qu'on ne pourrait le croire. Shuurei fait partie de ces rares héroïnes à privilégier ses rêves à une quelconque relation avec un bel éphèbe.

Seiran, candidat potentiel numéro 2, est le frère adoptif de Shuurei mais aussi un personnage mystérieux (et qui me sort par les trous de nez, mais c'est une autre histoire...) Si son identité réelle est très rapidement dévoilée, Seiran n'en garde pas moins un aspect très sombre et un passé apparemment peu glorieux, qu'il fera tout pour cacher à Shuurei. L'hypocrisie dans laquelle nage le personnage et sa personnalité à la limite de la schizophrénie le sauvent de l'archétype du bishônen-au-passé-sombre-qui-cache-beaucoup-de-souffrances.

Il y a également une pléthore de personnages dont on sait qu'ils ont perdu d'avance et qui la convoitent pour diverses raisons, notamment pour le bien de tous, surtout des finances familiales. Honnêtement je ne comprends pas pourquoi l'auteur s'acharne à rajouter ainsi des prétendants. Ça ôte pas mal de crédibilité à son histoire et ce n'est pas comme si Shuurei était la seule femme intéressante du pays non plus...
Et puis il y a les autres, plus intéressants et croustillants. Ceux qui montrent que ce qui les intéresse, ce n'est pas seulement de brosser ses cheveux. Sa Sakujun, personnage aussi tordu que charismatique, parvient ainsi à laisser son empreinte de façon durable dans l'esprit du spectateur et de notre héroïne malgré un temps de présence à l'écran relativement court. Un des très bons "méchants" que j'ai pu croiser dans ma carrière animesque et un atout majeur de la série, assurément.

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Bitch, please

Contrairement à bon nombre d'adaptations de light novels, Saiunkoku Monogatari ne s'adresse pas spécialement à un public otaku et se situe très nettement dans le haut du panier sans être d'une surpuissance absolue non plus en raison de sa naïveté latente. Néanmoins, passé le chara design, l'anime est très franchement grand public, ce qui est plutôt un compliment.
Pas de fanservice, mais des personnages et un univers crédibles, un background solide, un humour très présent et une ambiance zen au service d'une intrigue plus intelligente que la moyenne.
On aimerait que tous les animes harems soient de cet acabit...
Non, tous les animes tout court, en fait.

2 juin 2011

Mon dentiste est un type formidable

Une MAJ, une MAJ, oui, mais de racontage de vie.
Désolée.

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Bon en fait, j'ai pas mal de sujets à aborder là, en vrac, j'ai juste envie d'écrire rapidement plutôt que de faire des méga-pavés pour chaque point. Le pire c'est que j'ai un gros billet en cours que j'aurai pu publier depuis une semaine si je n'avais pas horriblement la FLEMME. Je suis en vacances depuis la mi-mai, inutile donc de préciser que le manque d'activité ici n'est synonyme que d'une chose : je glande.
Plus précisément, j'alterne entre "glande otaque" et "glande sociable". Pardonnez-moi, mais il fait 28° et grand soleil depuis deux semaines, ça n'incite pas à l'activité...

Je voulais cette année me rendre à l'Epitanime, à vrai dire j'avais même commencé à m'organiser sérieusement et à économiser depuis Noël dernier.
Malheureusement, pendant que d'autres s'époumonaient sur des chansons viriles, le destin a voulu que je subisse une transformation expresse en Hamtaro sous l'action de la roulette et la grosse pince de mon stomatologue.
Soit-dit en passant, je garderai certainement un bien pire souvenir du chirurgien que de l'opération en elle-même. Je crois que de tous les dentistes que j'ai pu avoir, seul un s'est avéré être aimable et à l'écoute. Monsieur le chirurgien chargé de me retirer mes dents de sagesse atterri malheureusement dans la seconde catégorie, celle de ceux qui vous prennent pour une chochotte ("mais non, vous ne pouvez pas avoir mal, j'ai anesthésié !" ouais je simule pour le fun §§) et qui ont un soucis du travail bien fait proche du néant. J'ai même dû y retourner plus d'une semaine plus tard, monsieur ayant "juste" oublié un bout de dent dans ma gencive. "Il serait tombé en se nécrosant" parait-il... Bon appétit.
Mais bon, malgré tout je dois quand même dire que j'ai limite été "déçue" par le niveau de douleur, qu'on m'avait décrit comme terrible. Je ne vais pas dire que ça faisait du bien, car un mal de dent est toujours quelque chose de fort horrible, mais je me souviens avoir plus souffert pour mes pré-molaires. Le vrai truc chiant, c'est de manger mou pendant une semaine alors que le temps est propice aux barbecues et donc à la bidoche >_<

Pour en revenir à l'Epitanime, beaucoup de choses ont fait que je voulais y aller cette année en particulier. D'une part pour concrétiser pas mal de rencontres IRL prévues depuis déjà trop longtemps, pour faire l'idiote, mais aussi pour la cérémonie de remise des prix des Sama Awards, auxquels je participais.
L'occasion pour moi d'y revenir un peu.
Je ne participe jamais à ce genre de concours dans l'optique de gagner, parce que je sais bien qu'il y a toujours plus talentueux et expérimenté que moi et aussi parce que l'esprit de compétition et de SERIOUS BUSINESS m'échappe un peu sur internet. Les Sama Awards étaient plus une occasion pour moi de participer à une initiative sympathique dans la joie et la bonne humeur.
Ca m'a aussi donné une excuse pour revoir et écrire sur Simoun, chose prévue depuis l'ouverture de ce blog et bien avant même. J'avais gardé à l'esprit que si je parvenais à écrire quelque chose de mieux après la publication du-dit article, je le soumettrais au jury à sa place, mais ça ne s'est pas fait finalement.
J'ai me semble-t-il déjà expliqué que j'étais incapable de juger de ce que je faisais : quand vous passez des heures à relire des pages et des pages dans l'espoir (vain) de ne laisser passer aucune faute, vous finissez obligatoirement par vous dégoûter de ce que vous écrivez. Je constate en revanche que les articles que j'apprécie sont parfois différents de ceux qui plaisent à mes lecteurs, de ce qu'on me laisse comprendre du moins. Du coup ça me fait énormément plaisir de voir que cet article que j'avais écrit sur Simoun a plu au jury, malgré le faible nombre de retours que j'avais eu dessus.
Cette place que j'ai décrochée, si elle n'est pas la meilleure, me motive à continuer d'écrire. Merci.
C'est un article de qualité sur un anime de qualité qui l'emporte, donc c'est cool.
Si Sama Awards 2012 il y a, j'en serai aussi sans faute :)


Pour continuer dans la japanime, comme je disais plus haut, je profite de ces semaines pour aller au bout de pas mal de séries que j'avais mises de côté, que je suivais avec la lenteur d'un escargot ou bien tout simplement que je voulais revoir.
Dans ce cadre, devrait arriver sous peu un pavé sur Saiunkoku Monogatari, que j'ai bien entamé et qui fait déjà très peur niveau longueur, mais que voulez-vous il y a des choses à dire !
J'ai enfin attaqué l'ultime saison de Aria que j'ai acheté il y a déjà plus d'un an : je n'avais à l'époque même pas commencé la première saison en raison de la politique débile de Kaze... Que dire de plus, si ce n'est que cet ending, j'en rêve la nuit.
J'ai redonné sa chance à Kurau Phantom Memory, un anime de SF assez inconnu que j'avais lâché il y a quelques années... Malheureusement à juste titre, car ça ne casse pas trois pattes à un canard. Selon ce que la suite me réserve, un article sera écrit ou non.
Côté revisionnages, je me refais en parallèle Wolf's Rain et Terra e. C'est toujours flippant de revenir sur des séries qu'on a adorées. Si on prend l'exemple d'un anime comme Ailes Grises, je peux dire sans mal que plus je le revois, et plus je l'aime. J'ai eu une appréhension la première fois, mais maintenant écouter une simple piste de l'OST me donne furieusement envie de mettre mes DVDs dans le lecteur et de profiter du spectacle en mangeant des gâteaux et en pleurant.
Terra e, dieu merci, passe aussi très bien la deuxième fois. Mieux que la première, peut être même. Il faut dire que je l'ai vu à une époque où j'avais l'habitude de rusher terriblement mes séries, chose dont je suis aujourd'hui incapable... Et quoiqu'on en dise, le rushage est une mauvaise chose pour les séries qui ont quelque chose à dire.
Pour Wolf's Rain... Ca donnerait presque raison aux gens qui disent qu'il ne faut pas mater deux fois la même chose. J'ai l'impression que je suis en train de fouler du pied tous les bons souvenirs que j'avais de cette série, le visionnage en devient même un poil maso... Reste la musique plus divine que dans mes souvenirs, même si je ne peux m'empêcher d'avoir à l'esprit une certaine vérité qui fait mal en l'écoutant. En tout cas, en voilà une série sur laquelle je suis tentée d'essayer d'analyser des choses ! Beaucoup de recherches seront certainement nécessaires, cependant, donc je ne sais pas si ça se concrétisera un jour... D'autant plus que je n'y connais rien en loups ou en légendes indiennes u_u

Côté mangasseries, par un étrange concours de circonstances, pas mal de séries que je lis se finissent cet été, ce qui est une bonne chose étant donné que je commençais à avoir un rythme d'achat un peu trop tendu vis-à-vis de mon budget. Par contre c'est bizarrement pratiquement que des mangas sur lesquels j'ai déjà écrit... Reste cet article hypothétique sur Karakuri Circus qui attend gentiment que les derniers volumes -parus en France, hein- entrent en ma possession. Il parait que ça se fera dans les semaines à venir si tout va bien... Sinon j'ai bien peur qu'il rejoigne la longue liste des trucs que je devais écrire mais qui n'ont jamais vu le jour, avec celui sur Utena et un autre plus généraliste que je n'arrive tout simplement pas à écrire depuis des semaines...

D'autres choses plus importantes risquent d'arriver à ce blog et à moi-même dans les mois à venir, mais je vous tiendrai au courant le moment venu.
En attendant, je vais finir d'écrire ce pavé sur Saiunkoku Monogatari et attendre anxieusement mes résultats de fin d'année.
Ironiquement, la date des délibérations coïncide avec celle du début des épreuves du bac... C'est réconfortant de se dire que je serai libérée au moment où la torture commencera pour d'autres :D

19 avril 2011

Nabari, ou les lamentations du ninja solitaire

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Il y a des jours où j'ai envie de regarder des trucs pas prise de tête et choisi un peu au hasard juste comme ça, pour le plaisir. Il y a quelques années mon regard s'est donc posé sur Nabari, manga au synopsis insipide à souhait mais dont le style graphique séduisait ma rétine. Bonne ou mauvaise pioche ?


D'entrée de jeu, on nous dit que les ninjas existent toujours, même au 21ème siècle, et qu'ils évoluent dans un monde de l'ombre baptisé "Nabari". La journée, ils travaillent ou vont à l'école comme vous et moi... Le reste du temps, assassinats, gardes rapprochées et espionnage sont leur lot quotidien.
Miharu est un collégien comme les autres, si ce n'est qu'il ne se souvient pas de son enfance et qu'il possède un pouvoir surpuissant, le Shinrabanshô, que les ninjas convoitent. Si le clan Banten souhaite détruire le Shinrabanshô et ainsi permettre à Miharu de vivre une vie normale, les Kairôshu, le clan adverse, veulent s'en servir pour changer le monde.
Miharu se retrouve donc embarqué par son prof d'Anglais et deux de ses camarades de classe -ninjas de chez Banten- dans une guerre qui le dépasse complètement. Une situation d'autant plus compliquée à gérer pour lui qu'il a passé sa vie à évoluer dans une bulle, ne laissant jamais transparaître ses sentiments à qui que ce soit.

A ce stade là, vous aurez certainement compris que je n'ai pas acheté Nabari pour son scénario, qui cumule tous les clichés les plus infâmes qu'on puisse trouver dans un manga.
En fait, j'aimais juste les dessins.
Fort heureusement, l'oeuvre prend un tournant intéressant nous faisant comprendre qu'elle n'est pas du genre à avoir des personnages au service d'une intrigue, mais bien le contraire.

C'est ainsi qu'après un début assez poussif et peu inspiré, le lecteur fait la connaissance de Yoite, ninja à tendance psychologiquement instable et utilisateur de la technique interdite du Kira. Pour la faire courte, il peut faire exploser les gens en les pointant du doigt, ce qui serait très pratique si en échange il n'était pas condamné à mourir à petit feu dans d'atroces souffrances. Bien qu'étant conscient du funeste destin qui l'attend, Yoite désire, avant de partir, qu'on accomplisse son souhait. Un souhait que seul Miharu, équivalent de Dieu, peut exaucer. Yoite va donc capturer Miharu et, sous la menace, le forcer à faire un pacte avec lui : tout en faisant mine de soutenir leur camp respectif, chacun de leur côté feront en sorte d'exploiter leurs petits camarades pour pouvoir apprendre à utiliser le Shinrabanshô par eux-même et ainsi exaucer le voeu de Yoite.

Et là, d'un coup, ça devient nettement plus intéressant.

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Rencontre


L'intrigue en elle-même ne volera jamais bien haut et restera pour le moins succincte, bien qu'étant parsemée de révélations et de retournements de situations en tous genres. L'auteur parvient tout de même à garder l'intérêt de son manga et même à rendre l'attente entre les tomes parfois douloureuse grâce à divers procédés.

L'histoire est centrée sur Miharu et la façon dont il va petit-à-petit s'ouvrir au monde et aux autres. Rien de bien nouveau sous le soleil, les héros blasés semblent être à la mode ces derniers temps... Yoite tient une place prépondérante dans son développement ce qui fait de lui un des piliers de l'histoire, mais tous les personnages y participent aussi plus ou moins activement.

D'abord tétanisé par la peur que suscite chez lui son maître-chanteur, Miharu va petit à petit apprendre à l'apprivoiser et chercher à le connaître. Le lien très ténu et fragile qu'ils vont nouer et la façon dont ils vont apprendre à se comprendre fait partie des grands intérêts du manga. Leur relation est bizarre, tendue et incroyablement mignonne à la fois, comme peuvent être deux gamins entre eux. Je ne me souviens pas avoir vu quelque chose de similaire dans une autre oeuvre de fiction, donc c'est assez rafraîchissant.
Mais Nabari fait partie de ces shônen qui ont compris que leur lectorat était composé d'hommes ET de femmes (voir aussi Kuroshitsuji et Pandora Hearts dans le genre...) C'est malheureusement pour ça que les fangirls sur cette série sont particulièrement déchaînées et tiennent absolument à désacraliser cette relation... Et après, on se pose la question de pourquoi les fans ont tendance à me taper sur le système D:

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Nabari n'est pas une série qui va s'embarrasser de manichéisme : les différents camps et personnages ont un traitement égal. Le découpage au début très net gentils/méchants devient vite flou, les personnages ne faisant finalement tous que se battre pour leurs propres souhaits égoïstes plus que pour un pseudo idéal sensé les rallier. La position prise par Miharu joue aussi bien sûr dans l'ambiguité, celui-ci jouant en quelques sorte le rôle de taupe auprès de ses amis.

Tous des pourris ? Pas loin, en fait. Ils n'hésitent pas à tuer de sang froid et à faire ce pour quoi ils sont payés. L'auteur fait tout pour nous convaincre que dans le monde de Nabari, c'est la loi du plus fort qui prévaut et elle y parvient plutôt bien. C'est d'autant plus agréable que le casting plein de gosses est assez effrayant au début ! Si le scénario du manga pullule de clichés, les personnages savent eux être surprenants, même si leur traitement est inégal.

On appréciera ainsi Kôichi, qui loin d'être le binoclard boulet et timide de service parvient à se montrer inquiétant et mystérieux, Yukimi, le pistolero râleur et violent, et dans une moindre mesure Raimei, la gamine hyperactive. Les autres personnages principaux s'en sortent relativement moins bien.
Thobari, seul adulte du groupe de Banten, est paradoxalement la plus grosse poule-mouillée de la série doublé d'un boulet pacifiste qui vous donnera envie de le tarter plus d'une fois. Amusant, car les autres personnages et l'auteur partagent cette opinion à son sujet, on peut donc dire quelque part que Thobari est réussi dans le sens où il est volontairement une horreur. Hum.
La plus grosse énigme reste pour moi Raikô, le frère de Raimei, tantôt présenté comme un gentil excentrique puis comme un gros psychopathe. Et ça alterne tout le temps. Si j'apprécie le personnage pour son design, il m'a vraiment semblé hors de propos et bien peu maîtrisé par l'auteur... Là aussi, tout ce qui tourne autour de lui semble hurler "fanservice !!!" et c'est bien triste.

C'est encore sur les figures les plus simples que l'auteur s'en sort le mieux, réussissant à humaniser et à rendre crédible monsieur et madame tout le monde, comme Hana, la femme de Thobari, personnage très secondaire mais étrangement attachant. Là aussi, le chara design joue beaucoup.
J'aime franchement ce qu'elle fait à ce niveau là. Il y a des auteurs qui estiment qu'un bon chara design inclue des tonnes de petits détails à la con, mais en restant au contraire très simple, l'auteur de Nabari parvient à rendre ses personnages visuellement attirant. Le meilleur exemple est certainement Yoite, identifiable à 50 km avec son manteau noir et sa casquette. Sobre mais efficace.

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Effroi


Quelque chose qu'il est important de garder à l'esprit, c'est que Nabari n'est pas un manga qui joue vraiment sur le créneau "action". Il y a bien quelques altercations et échanges de coups, mais on ne pourrait même pas parler de combats tellement ils sont pour la plupart très courts et réellement accessoires. Pour faire simple, je dirai qu'on est loin de "l'action pour l'action" telle qu'on la voit dans d'autres mangas.
Nabari joue même la carte complètement inverse en proposant un rythme très lent qui va se trouver de temps en temps bousculé par de la baston. Plus on progresse dans l'histoire et moins l'action est présente.
La douceur générale qui se dégage de l'oeuvre et l'impression de ne pas vraiment avancer dans l'intrigue risque d'en endormir plus d'un mais si les tomes ne regorgent pas de mouvement, ils restent forts en émotions et c'est à mon avis vraiment là que l'auteur voulait en venir.

Je lis souvent à propos de ce manga "je ne le lis pas pour le scénario mais pour les personnages" et je m'inclue dans cette affirmation. Le scénario est plus un prétexte à l'auteur pour mettre ses personnages en condition qu'autre chose. Le manque d'implication des personnages pour la cause qu'ils sont sensés défendre va aussi bien dans ce sens : tous s'utilisent les uns les autres pour leurs propres besoins et paradoxalement seul Hattori, présenté comme le "méchant" de la série, agit par altruisme et pas que pour sa pomme.

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Attaque


L'humour, bien que présent au début, disparaît de plus en plus pour ne plus laisser place au bout de quelques volumes qu'à une terrible mélancolie.

En effet, souvenez-vous qu'un des héros est d'entrée de jeu présenté comme en état de mort imminente. Plus Miharu s'attache à lui et s'humanise à son contact, plus Yoite pourri -au sens propre du terme- et plus la terrible promesse les unissant lui semble impossible à réaliser.
L'épée de Damoclès qui pèse au-dessus de la tête de Yoite devient rapidement menaçante et la tristesse envahit progressivement les pages.
C'est pour ça qu'il est à mon avis important de ne pas enchaîner les tomes à tout allure, mais au contraire de les lire lentement pour ne pas faire une overdose de personnages emo et se laisser doucement entraîner par leur sort. Si vous détestez les mélodrames, autant vous dire que vous pouvez partir en courant tout de suite. Nabari est un manga profondément emo, avec toutes les 3 pages des personnages qui se demandent à quoi bon ça sert de vivre, se posent des questions super existentielles, etc

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Riposte


Il m'est impossible à ce stade-là de ne pas aborder le travail très soigné de l'auteur sur ses planches.
Elle a tendance à privilégier le visuel aux dialogues, aussi il n'est pas rare de croiser dans ce manga des planches entièrement muettes ou seules les expressions des personnages et la mise en page font ressortir toutes les émotions désirées.
Au cas où la lecture n'était déjà pas assez terriblement déprimante, ces planches finissent généralement par bien achever. Non pas parce qu'elles jouent dans le registre "sortez les violons", mais au contraire avec une certaine poésie en même temps très cruelle. Le thème principal de Nabari est en effet la mort et tout ce qui s'y rapproche de près ou de loin : certains personnages la craignent, d'autres la désirent sans pouvoir l'atteindre et viennent s'y ajouter le deuil, la mémoire et l'oubli de ceux qu'on a aimés et qui ne sont plus.

C'est le point que j'apprécie le plus sur cette oeuvre : je ressens pleins de trucs à lecture. Non pas des sentiments "bruts" comme on en a en regardant un film horrible par exemple, mais des sensations plus subtiles telles que la mélancolie ou la nostalgie. Parfois même une espèce d'impression de vide terrible, renforcée par les scène muettes.
Une image valant mieux que de longs discours (comme je viens justement de vous le dire), je vous invite à regarder la planche qui suit, sa structuration, son jeu des contrastes et des formes avec son décor, en ombres-chinoises... C'est certainement une de mes préférées de tout le manga, car même si elle est loin d'être la plus "belle" ou la plus détaillée, c'est techniquement une des plus abouties dans sa construction.

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Mélancolie

Comme dans toutes les oeuvres, le trait de l'auteur évolue beaucoup au fil des volumes. Les premiers tomes sont hésitants, les derniers sont sublimes. Les personnages type "fils de fer" tendance androgyne en dérangeront certainement beaucoup, mais la finesse du trait dessert admirablement le propos et la mise en page "aérienne" du manga.

Malheureusement, tout n'étant pas parfait, l'auteur a parfois tendance à sombrer dans le côté obscur de la force et à y aller moins subtilement. Le charme se rompt alors et on à la mauvaise impression de pouvoir entendre les violons jouer... C'est ce qui se produit grosso-modo au milieu de la série qui, après un arc particulièrement riche en action et émotions fortes, se conforte dans des scènes too much et dans la facilité. Pour résumer l'idée, un chien qui agonise, vous avez d'abord pitié de lui et puis au bout d'un moment, vous avez juste envie de l'achever une bonne fois pour toute. C'est un peu pareil ici, à force de trop tirer sur la corde, on fini par en avoir un peu rien à faire...
L'auteur rattrape le coup avec les derniers volumes, qui explosent littéralement tous les compteurs niveau émotion, douceur et délicatesse.

Nabari n'est peut être pas le manga le plus palpitant qui soit, mais on reconnaîtra à l'auteur sa rigueur dans la façon dont elle conduit son scénario avec maîtrise et subtilité. Et relisant les premiers volumes, on s'apercevra ainsi que les révélations qui tombent à la fin étaient bien planifiées depuis le début, ce qui est toujours plaisant.

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Rupture


Si en raison de quelques gros défauts il m'est impossible de vous présenter Nabari comme un must read absolu, c'est un manga qui à mon sens a sa place dans une bibliothèque. Il laissera de glace ceux que le drama n'intéresse pas, mais son ambiance particulière le rend assez unique et ravira les romantiques adeptes d'histoires tragiques.

Il s'agit de la première série longue de son auteur, on pourrait donc considérer Nabari comme son coup d'essai. Le résultat me semble assez concluant pour lui accorder une chance de mûrir et de nous offrir un manga dont le contexte répondrait peut être mieux à ce qu'elle a à offrir en terme d'émotions et de développement des personnages, car elle a en main tous les atouts pour créer un pur chef d'oeuvre dans le genre dramatique.
Son Shônen Note, débuté il y a peu, nous compte l'histoire d'un jeune soprano en pleine puberté et qui voit sa voix d'ange disparaître peu à peu. Un thème peu commun qui pourrait bien sublimer tout ce qu'elle sait faire de mieux.

En attendant, on retrouvera le 14ème et ultime volume de Nabari dans nos librairies en juillet prochain, pour un final qui promet de rendre l'industrie du mouchoir richissime.

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Rien que la couverture me tue D:

12 avril 2011

Loups=Garous ; {moe+hacking}confusion²

affiche1Je continue ma découverte de l'univers de Natsuhiko Kyôgoku avec ce long-métrage adapté l'an dernier d'un de ses romans. Si Requiem from the Darkness s'était avéré être une bonne pioche, je n'étais pas spécialement attirée par Loups=Garous et ce qu'il prétendait être. Bien évidemment, je me doutais que la créature en question n'allait apparaître que de façon métaphorique, mais c'était plus l'idée de me retrouver face à de la science-fiction qui me déplaisait -je n'ai rien contre la SF, mais avec cet auteur ça fait bizarre. Les premiers retours n'étant pas franchement élogieux non plus, j'y suis un peu allée à reculons.


Le monde dans lequel l'histoire prend place est une contre-utopie futuriste à la sauce 1984 où les moindres faits et gestes des gens sont conditionnés et observés très scrupuleusement par des caméras placées un peu partout. C'est dans ce contexte fort riant qu'on suit 4 collégiennes qui désirent chacune à leur façon  échapper à ce système. L'histoire débute alors que l'une d'entre elle, poursuivie par des hommes masqués, disparaît. D'autres jeunes filles ayant disparues dans un contexte similaire et ayant été retrouvées vidées de leurs organes, la police conclue à l'oeuvre d'un tueur en série et une enquête débute.

Ce synopsis, est, grosso-modo, valable pour la première moitié du film. Petit à petit, différentes sous-intrigues se développent et s'ajoutent à l'intrigue principale. Dans Loups=Garous vous retrouverez donc pleins de pistes qui partent dans tous les sens et qui, idéalement, auraient dû se recouper dans un final magnifique et bien pensé.
Idéalement. Dans les faits, c'est malheureusement nettement moins brillant. Par manque de temps, de structuration, d'efficacité, le film s'engouffre malheureusement dans la médiocrité...

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Nos héroïnes

Mais revenons-en un peu à nos moutons. Des différentes critiques que j'avais pu lire, le consensus était que le film était assez ennuyant et lent. Je connais ma tolérance aux films au rythme aussi rapides qu'un escargot asthmatique en plein effort, sans surprise je ne me suis donc pas ennuyée devant, même si je comprends que certains puissent s'endormir sur le début. En effet, durant approximativement 45 minutes, le film s'attarde sur notre groupe d'ado et leurs réunions secrètes. J'ai surtout apprécié l'ambiance bon-enfant couplée au délire hacking, l'une des héroïnes piratant les traceurs des autres pour leur permettre d'être invisibles aux yeux des caméras -et donc libres.

En ce sens, le choix d'un chara-design minimaliste se justifie très nettement, même s'il est assez perturbant au début. On peut en effet légitimement se demander ce que font ces filles à grands yeux dans un thriller futuriste. Si la patte des chara-designers de Blood+ se ressent très nettement à travers le personnage d'Ayumi (Saya es-tu là ?), l'héroïne Makino m'a instantanément fait penser à Yui de K-On!, d'autant plus que son comportement timide et maladroit renforce l'impression qu'elles ont été séparées à la naissance. Et je ne vous parle pas du moment où elle sort une guitare...
Oui, Makino est une boulette. Elle est vraiment inutile de bout en bout. Là où un Sekiguchi ou un Momosuke, pas moins crétins, tiraient leur épingle du jeu grâce à un côté psychopathe latent, Makino est désespérante de non-relief. Etait-elle vraiment aussi moe et crétine (euphémisme ?) dans la version d'origine, ou bien est-ce le passage à l'écran qui l'a rendue aussi pénible ? Excellente question à laquelle je n'ai malheureusement pas la réponse.

vlcsnap_2011_04_10_00h15m20s177C'est joli quand même.

Le reste du casting est à l'image de la dualité Ayumi/Makino : des personnages à jeter, d'autres forts sympathiques à défaut d'être attachants. J'ai regretté que le duo d'enquêteurs n'apparaisse finalement que si peu, j'ai toujours eu un faible pour ce genre de figures dans les séries ou films. Malheureusement, leur manque de screentime est également synonyme d'un développement très faible de cette partie de l'histoire, qu'on aurait pourtant pu imaginer comme étant au centre du récit, ou du moins d'importance similaire aux aventures de nos jeunes amies.
Dans sa seconde moitié, après un retournement de situation assez savoureux, le film s'emballe. Hé, il ne nous reste que 45 minutes pour développer tous les sous-entendus et recoller les morceaux ! Est-ce que c'est assez ? Clairement, non.

vlcsnap_2011_04_10_00h18m24s228Au moins il y a des morts

Il eut peut être été plus judicieux de repenser autrement l'adaptation. C'est évidemment un travail qui demande des coupes et là n'est pas mon problème. Là où ça cloche, c'est que ces coupes sont mauvaises, mal pensées et que la cohérence globale en prend un coup en conséquence.
Exemple : quand à la question "mais pourquoi l'avoir attaquée ?" on vous répond au bout de 20 minutes de film "peu importe", on se dit qu'on va avoir une vraie explication par la suite.
Asseyez-vous dessus. En fait, il y en a eu une. Mais c'était tellement pas clair, débile et mal amené que mon cerveau a préféré oublié.
A un moment le montage est tellement confus que je me suis demandée si la scène n'était pas un flash-back, car il me paraissait inconcevable qu'elle puisse se produire chronologiquement juste après la précédente...

vlcsnap_2011_04_10_00h17m40s49Oui, celle-là...

L'image du Loup Garou devient de plus en plus envahissante au fur et à mesure qu'on progresse dans le film, avec les classiques métaphores de dévoration qui hantent nos contes et légendes. Je me suis un peu consolée avec la scène très Kyôgoku-esque d'un personnage avalant un bout de steak et digne des moments les plus croustillants de ses autres oeuvres, tout en suggestion...
Malheureusement, cette scène aura été la seule de la dernière heure à me faire vraiment vibrer. Oui, en être réduite à délirer sur un type qui mange un steak pendant 2 secondes chrono, ça veut tout dire.

Le manque d'implication du spectateur tue le film. Il réuni tout ce qu'il faudrait pour plaire (même des sous-entendus yuri !!) mais au niveau de la direction il pêche complètement.
Passé un certain stade, tous les enjeux se recoupent maladroitement, comme dans une ultime tentative de refaire le puzzle à coup de massue et de super glu. Ca en est presque douloureux à voir, car à peine les informations sont elles données au spectateur qu'elles sont immédiatement reliées bizarrement au reste du scénario...

vlcsnap_2011_04_10_00h19m09s170Un flash-back (malheureusement) sans impact

Individuellement, chaque sous-intrigue de Loups=Garous aurait pu fonctionner. Sur un format plus adapté et donc plus long, elles auraient clairement pu trouver chacune leur place dans le récit, mais en 1h40 c'était clairement impossible. Au final, on a des choses dont on ignore pourquoi elles sont là et qu'est-ce qu'elles ont concrètement à apporter au récit, comme Rei Myao, stéréotype de la Chinoise qui fait du kung-fu et dont on ne comprend rien à qui elle est, ce qu'elle fait là et quelle peut bien être son utilité à part être increvable et donner des bonnes scènes de baston.
Oui, au moins le film est sauvé sur le plan technique. C'est en-dessous de ce que fait IG d'habitude, très en-dessous même, mais les scènes de combat ont du punch et les décors sont soignés, tout comme les jeux de lumière. Vous me direz, avec un chara-design aussi simple, il aurait été dommage que l'animation ne soit pas bonne...

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J'ai toujours su que le Lutin Bleu était maléfique !!

Loups=Garous n'est malgré tout pas un film spécialement déplaisant pour peu qu'on débranche son cerveau. Et c'est bien là le problème : ce qui était vendu comme un thriller sauce SF est une intrigue policière passée à la moulinette pour tenir dans un format vraisemblablement peu adapté. Il en ressort un formidable manque d'ambition -ou peut être ont-il justement fait preuve de TROP d'ambition à vouloir tout caser en 1h40 ?

En réalité il est difficile de déterminer si la faute en incombe aux personnes derrière l'anime ou au roman en lui-même. Les idées sont en tout cas bien là, les possibilités et le potentiel aussi. Le vrai manque, c'est la cohérence et la cohésion, ce qui est ballot pour un scénario de ce type.

Je crois malgré tout avoir été assez intriguée pour laisser sa chance au roman, qui a été traduit en Anglais. Oh, peut-être pas tout de suite, mais un jour en tout cas j'y jetterai un coup oeil. Peut être que j'y découvrirai ce que Loups=Garous, le film, n'a pas été : une histoire bien racontée.

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On se console avec du MOE ??

14 mars 2011

Mars 2011 (manga et promo honteuse inside)

Pour changer, je vais parler manga.

ಠ_ಠ


Je ne sais pas vous, mais moi quand j'ai commencé à acheter des mangas, j'étais au collège et alors bercée par de belles illusions. La principale était, qu'à l'époque, je croyais encore que la résolution "je ne commence une nouvelle série qu'une fois que j'ai terminé les autres que je lis" était tenable. C'était d'autant plus naïf de ma part que mes premières séries furent Yu Gi Oh! et 3x3 Eyes qui tournent respectivement à 38 et 40 volumes au compteur (et que je n'ai d'ailleurs jamais finies)
Évidemment, plus je me penchais sur le support et plus j'étais tentée de commencer autre chose, ce qui nous amène à la situation actuelle où je cumule "tellement" de séries en cours que mon porte-monnaie ne suit plus. Je ne suis pas du genre à hurler au loup quand on aborde le sujet de la mondialisation, du capitalisme, tout ça, mais faut bien avouer qu'en tant que brave mouton faible personne j'en suis une victime consentante : il m'a toujours été difficile de résister à mes pulsions d'achetrice compulsive. Je le suis certainement moins que tous ces gens que je vois débarquer avec des dizaines et dizaines de volumes aux caisses des librairies, mais chacun agit à son échelle, hein.

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Les gens qui me connaissent savent que je hais le scan du plus profond de mon être et que je le fuis comme la peste. Je ne fais que très peu d'exceptions puisque j'aime le toucher du papier, l'odeur de l'encre, les volumes qui s'entassent et prennent trop de place. Et bien sûr, mes yeux apprécient de ne pas se saigner sur des gros pixels. Alors quand une série qui m'intéresse fait pas mal parler d'elle sur internet, je pose une option "toi je t'achète quand tu sors en France !" parce qu'elle me semble être d'assez bonne qualité pour que je puisse l'acheter les yeux fermés.
Le problème c'est que, comme vous avez pu le constater, on assiste depuis quelques années à une véritable saturation du marché, avec plein de nouveaux titres qui sont acquis chaque mois et des plannings infernaux. Si Delcourt s'est engagé à ralentir la cadence, rien n'indique que ses concurrents suivent, pour le moment. Vous me direz, dans la liste des nouveaux titres, on compte bon nombre de daubes insignifiantes. Oui, mais aussi ces mangas que je tagais en "toi je t'achète quand tu sors en France !" (Deadman Wonderland ou Mirai Nikki, pour citer des noms) que je n'achète donc finalement pas, parce que bon, suivre 10 séries en même temps (plus les déjà terminées...) c'est juste impossible pour moi.

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Mais vous savez quoi, malgré tout je trouve que cette acquisition en masse de nouvelles licences a du bon. Parce qu'au milieu des titres daubés et des titres de qualité, il y a surtout des titres dont je n'aurai jamais espéré voir la couleur un jour et surtout pas en Français ! Le genre de manga dont tout le monde se fout, que même les scantraders boudent (c'est apparemment devenu la norme chez eux ces derniers temps d'ignorer les trucs inconnus) Et ça quoiqu'on en dise, ça fait vachement plaisir. Je me demande si les éditeurs les acquièrent en connaissance de cause (c'est bien le cas pour Moolight Act à en juger ce que dit Kaze) ou bien si pour eux ils font juste partie du package d'acquisitions mensuelles au même titre qu'un énième shônen merdique ou shôjo rose bonbon, toujours est-il que ces dernières années je me sens bénie par les éditeurs. C'est quand même assez ironique de devoir compter sur une sortie officielle pour contrer le manque de scantrad, c'est pas le contraire d'habitude ?

Vous vous direz : mais où elle veut en venir à la fin ?
C'est là que j'entre en mode fangirl.
Ce mois-ci sort un manga dont je ne pouvais espérer toucher le papier que dans mes rêves il y a encore quelques mois : Amatsuki.

Si ce nom vous interpelle, il y a trois solutions possibles :

  1. Vous étiez dans les parages quand mon taux de fangirlisme à son égard a explosé (auquel-cas vous êtes à l'instant présent en train de courir loin, très loin)
  2. Vous connaissez Pataphyx, fangirl de ce manga devant l'éternel.
  3. Ca vous évoque vaguement un anime produit il y a quelques années.

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(j'aime bien l'adaptation de la typo, au passage)


Amatsuki a en effet été porté en anime en 2008 ; anime qui réussissait à être fidèle au support d'origine tout en le dénaturant complètement. Il a au moins eu le mérite de me faire me lancer dans le manga, et peut-être était-ce là son objectif premier. Je crois que malheureusement peu de gens ont suivi le même chemin et c'est bien dommage parce que Amatsuki est un bon manga. Je voulais vous faire un billet dessus à l'époque où j'ai lu les premiers volumes, le brouillon traîne encore quelque part sur mon PC d'ailleurs, mais ma politique de ne parler que de ce que j'ai fini me restreignait. La-dite politique existe précisément pour ce genre de mangas, qu'il est difficile de juger juste sur le début, ou même la moitié, voir les 3/4. Mais l'occasion est juste trop bonne d'en toucher un mot et puis ça ne fait pas de mal un peu de pub :o

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Là gentil lecteur, c'est le moment où tu te demandes en quoi ce manga est différent des "shônen merdiques acquis à la pelle" dont je parlais plus haut et en quoi son arrivée en France tient du miracle...
Simple. Déjà, Amatsuki n'est pas un shônen (même si Kaze veut faire croire le contraire) Je me fiche complètement des classifications, il n'y a pour moi rien de plus débile. Mais dans ce cas précis elles ont le méritent de ne pas faire passer l'oeuvre pour ce qu'elle n'est pas. En l'occurence, quelqu'un qui attendrait un rythme soutenu et de l'action dans Amatsuki serait très, très déçu, compte tenu de la nature du titre pour le moins contemplative et introspective. Comptez 7 volumes juste pour l'arc d'introduction !

Ne pas se laisser désabuser par le pitch de départ ("un jeune lycéen se trouve plongé dans un autre monde" /originalité), ce manga est un peu le fils bâtard entre une histoire fantastico-folklorique dans la veine d'un Ôkami et un tripe SF à la Matrix (on a les références qu'on a) Curieux mélange qui marche bizarrement bien grâce à une intrigue qui laisse l'impression première d'être épaisse comme du papier cul et qui se révèle être finalement un espèce de casse-tête dont le concept devient par moment assez énorme. Si vous je dis qu'en plus c'est composé à 80% de dialogues et de réflexions sur le "moi" et la perception de la réalité, je pense que vous comprendrez que non, son acquisition n'était pas franchement gagnée.

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Cette annonce, ça avait un peu été Noël avant l'heure pour moi et je ne peux qu'être impatiente de pouvoir enfin le tenir entre mes mains et surtout de voir la tronche qu'aura la traduction. La lenteur des releases que ça soit pour l'anime ou le manga était en effet en partie dûe à la grosse masse de dialogues, mais apparemment aussi au niveau de langue assez complexe utilisé par l'auteur.
Ce n'est certainement pas un titre qui plaira à tout le monde à cause de sa grande lenteur, mais qui vaut le coup d'oeil pour les passionnés de folklore japonais et pour ceux qui aiment se prendre la tête sur leurs lectures. Ah oui, et les dessins sont très fins et beaux.
Manquerait plus que l'artbook suive la même voie et je serai la plus heureuse des fangirls :3 En attendant, laissez-lui sa chance avant de le reposer en grognant et en vous disant que ce n'est que le 20ème shônen stupide du genre à sortir chez nous.

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