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Junk Garage
23 août 2011

Le détective était déjà mort

Vacances, glandouille, déménagement, merdouilles administratives, soleilpluie, flemme, pingouins, etc, etc...
Et jeux-vidéo.
L'été a quelque chose de super psychologique sur la motivation, même quand il est tout pourri et ressemble surtout à un mois de mars.

Vous noterez que j'ai toujours un siècle de retard sur le reste du monde à environ tous les niveaux et ça inclut aussi le domaine vidéo-ludique. C'est même pire en fait, car je crois n'avoir jamais été particulièrement au courant pour tout ce qui touche aux consoles, sauf peut être pour Fire Emblem, et pourtant j'y joue plutôt beaucoup !
Ma curiosité m'a poussée le mois dernier en juin dernier à aller faire un tour au rayon jeux soldés d'un magasin que je ne nommerai pas, à l'enseigne jaune et aux vendeurs peu compétents. C'est là que, perdu au milieu des "Léa passion" et autres jeux à licence ignobles se trouvait une tête connue dont j'avais entendu dire du bien, j'ai nommé Ghost Trick.
En tant que grande fan de la franchise Ace Attorney de Capcom, je connaissais bien sûr Ghost Trick de nom et de visu, puisque l'équipe derrière est la même. Je ne m'étais jamais penchée dessus plus que ça parce que ça ne semblait pas être le genre que j'appréciais, mais à -80%, passer à côté aurait relevé du crime.
Me voilà donc lancée dans ce jeu dont j'ignore tout et dont le design me sort par les yeux.

45436-ghost-trick-1_1280Et vous pleurez en repensant à l'horrible jaquette française

Ce monsieur qui vient apparemment de passer une sale journée et qui a une coupe de cheveux tellement improbable qu'il semble sorti tout droit de Yu-Gi-Oh!, c'est vous. Sissel. Et vous êtes mort.
Heureusement, dans le monde fantastique de la fiction, une fois raide vous avez la chance de pouvoir faire chier votre entourage en passant en mode poltergeist et en prenant possession des objets vous entourant.
C'est globalement tout ce que vous pourrez faire en tant que joueur : posséder des choses du quotidien et influer de façon parfois minime sur elles pour vous déplacer, signaler votre existence ou forcer le destin pour qu'il joue en votre faveur.

Comme c'est très pratique et que sans ça il n'y aurait pas de jeu, vous êtes amnésique en plus d'être mort et vous n'avez qu'une nuit devant vous pour résoudre le mystère derrière votre décès prématuré. En effet, une fois le jour levé, votre existence en tant que fantôme touchera définitivement à sa fin.
Sans le moindre indice en votre possession et sans savoir par où commencer, vous déciderez de suivre une jeune détective aux cheveux roux et en bien mauvaise posture au moment de votre mort. Votre âme de bon samaritain et votre pouvoir vous permettant de remonter le temps 4 minutes avant la mort d'une personne (exceptée la votre, bien sûr, ça serait trop facile sinon...) vous autoriseront à lui sauver la vie en influant de façon parfois minime sur votre environnement.
De fil en aiguille, les différentes personnes que vous aiderez et d'apparence sans liens se retrouveront finalement toutes mêlées à une étrange affaire qui une fois résolue apportera toutes les réponses à vos questions... Et même au-delà (?)
Dit de façon beaucoup moins dramatique : vous vous baladez au fil de la soirée d'objets en objets, vous remontez inlassablement le temps pour modifier le destin et sauver les gens qui vous entourent et qui ont tendance à passer de vie à trépas de façon alarmante et stupide.

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En bleu : les objets de la pièce sur lesquels vous pouvez aller.

Ghost Trick est en réalité un point and click complètement linéaire. A la différence de ces jeux un poil vicieux qui vous permettaient de progresser sans toutes les clés pour mieux vous tuer deux heures plus tard parce que vous aviez oublié quelque chose, Ghost Trick vous refusera le passage tant que vous n'aurez pas fait tout le nécessaire pour faire basculer le destin en votre faveur. A noter que contrairement à ce qu'on pourrait penser au début (du moins, ce que je pensais... ?) la limite "une nuit" est en fait complètement incluse dans le scénario. C'est à dire que plutôt que de s'arranger pour remonter le temps à l'infini et progresser de façon différente à chaque fois pour comprendre la vérité sans pour autant s'évaporer au petit jour (à la Un jour sans fin, si vous voyez ce que je veux dire), Sissel préfère laisser le temps s'écouler dès qu'il a réussi à sauver quelqu'un.

En temps que joueur, vos interactions sur l'environnement sont en fait assez limitées. Vous ne pouvez vous déplacer que d'objets en objets, s'ils ne sont pas trop éloignés, et n'influer que sur certains d'entre eux et ce de façon très simple. Ils sont d'ailleurs choisis de façon assez arbitraire, ce qui est étrange étant donné que le scénario s'attelle à justifier de façon relativement logique des tonnes d'autres choses...

Par exemple, vous vous mettez sur une feuille de papier, vous la faites basculer dans le vide et elle vous entraîne plus loin. Au fur et à mesure du jeu, des mécanismes plus complexes se mettent en place, façon "effet domino". Votre pire ennemi est le temps lui-même, qui vous forcera à avoir un timing relativement serré pour pouvoir sauver les gens in-extremis. En effet, eux, agissent toujours strictement pareil et foncent vers leur mort (destin, tout ça) à moins que vous ne les détourniez de leur fin d'une façon ou d'une autre. Vous noterez qu'il n'y a qu'UNE SEULE façon de sauver quelqu'un et trouver comment est souvent ce qui demande le plus de temps. A part ça, ce n'est jamais très compliqué. J'ai même souvent perdu parce que je m'efforçais à chercher plus vicieux et difficile que ce que le jeu attendait de moi, tout ça parce que ça me paraissait être "trop simplet".

Ghost Trick est l'antithèse du jeu stressant puisqu'au moindre échec de votre part, pour pourrez toujours remonter le temps et recommencer tranquillement et presque inlassablement vos tentatives de sauvetage. Parfois, le héros ira jusqu'à vous encourager à faire "un tour pour rien", juste pour mieux cerner la situation. Je trouve ça un poil glauque sachant que ça rime à tuer la personne à chaque fois, mais bref. La mort n'est pas franchement prise au sérieux dans ce jeu, je pense d'ailleurs que rien que la pose extrêmement élégante dans laquelle vous êtes retrouvé mort au début du jeu en dit long sur l'esprit dans lequel le tout baigne.

capture_305
VOTRE DIEU.

L'humour et les personnages sont tellement proches de "l'esprit" Ace Attorney que la parenté entre les deux jeux ne saurait être niée. D'un côté c'est une bonne chose, car je crois n'avoir jamais autant ri sur un jeu vidéo qu'en jouant à un Ace Attorney ; d'un autre on a une très désagréable impression de déjà vu par moment.
Le héros, Sissel, malgré sa coupe de cheveux SUPER STYLEE (puisque je vous le dit) n'est pas super intéressant en raison de son amnésie archie-revue dans le principe et qui joue rarement en faveur d'un personnage. Il sait rien, quoi. J'ai pour ma part plus apprécié les sidekicks, comme l'inspecteur Cabanela que pour le coup je VEUX voir apparaître dans un Ace Attorney, rien que pour le cuisiner. Lynne, notre inspectrice rouquine, m'a immédiatement fait penser à Yoko de Gurren Lagann, certainement en raison de son design et de son caractère bien trempé. Elle est plutôt cool.
Mais la vraie grosse surprise, c'est Missile. "Ce sale clébard" penserez-vous dans un premier temps (affectueusement surnommé Pedodog par mon frère en raison de sa vague ressemblance avec l'ours...) se transformera peu à peu à vos yeux en le noble compagnon canin qu'il est. Et je n'aime même pas les chiens.

Le scénario est bien ficelé, en tout cas il tient suffisamment en haleine pour vous poussez à jouer, jouer et jouer encore jusqu'à arriver à la dernière minute. Bien qu'étant complet, et j'entends par là qu'il se suffit à lui-même de bout en bout et qu'une suite me ferait peur, le jeu m'a paru être trop court.
Il doit avoir une petite dizaine d'heures de durée de vie, en fait, mais le côté très linéaire donne l'impression qu'il est bien plus court. On reste presque sur sa faim à la fin (...) bien qu'elle soit très satisfaisante et conclusive. Peut être parce que tout ça a définitivement un arrière goût de Ace Attorney, le fantastique en plus. C'est à dire que j'ai été surprise par les révélations (impossible de deviner le fin de mot de l'histoire, à mon avis, même si j'ai eu quelques doutes à certains moments) mais pas par la tournure des choses. Ça semblera peut être plus surprenant aux yeux de certains, mais après avoir bouffé 5 jeux plein d'enquêtes complètement tordues, on fini par être un poil blasé.
J'ai quand bien aimé certains passages, en particulier un des derniers niveaux qui m'a fait penser à James Bond.

GT2
Un des nombreux niveaux

L'aspect visuel, par contre, est beaucoup plus rafraîchissant. Les décors grouillent de détails et surtout, les sprites des personnages sont très très bien animés. Ils ont des petits gimmicks bizarres quand ils se déplacent, on a vraiment l'impression de regarder un monde miniature... Et puis c'est juste génial, quand on débarque dans un nouvel environnement, d'essayer de voir comment on va pouvoir se débrouiller pour avancer quand ça sera à notre tour de jouer. Lors des phases de dialogue, c'est moins réjouissant : manque d'expression ("normal", "content", "triste") et bon, c'est plus personnel mais j'aime toujours pas le style de dessin.

Ce qui est le plus dommage, c'est l'impression que le système de jeu n'a finalement pas été exploité comme il aurait pu l'être. Il y a du bon, mais dans l'ensemble ça reste un peu trop "basique". J'aurais aimé plus de chaînes d'événements façon "domino", la plupart du temps on se contente de vous demander d'être au taquet sur une action précise et pour le reste, se déplacer par boulettes de papier et placards devient rapidement la routine.

Ghost Trick est ce que je qualifie affectueusement de "jeu à concept". Vous savez, ces jeux où quand on y joue, on sent que les créateurs se sont fait plaisir et ont eu une vraie volonté de sortir des sentiers battus. Bref, des jeux qui ont une "âme", même s'ils sont souvent perfectibles. Faudra que j'écrive quelque chose sur The World Ends With You, dans le genre il se pose là et c'est pas comme si le nom de cet endroit y faisait référence...


Pour finir, il me faut aussi souligner l'extrème professionnalisme dont Capcom a fait preuve en livrant une fois de plus une VF niveau fansubeurs décébrés, avec un édifiant "j'ai été tuée" à moins de cinq minutes de jeu.
Ah oui, c'est un homme qui est censé parler.

OTL

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Commentaires
P
Ah bah ça tombe bien cet article, ma petite sœur vient de le recevoir pour son anniversaire et j'ai justement fini tous les Attorney il y a quelques semaines.<br /> La vie est bien faite !<br /> <br /> Le chien a vraiment une tête de mutant...
A
C'est vrai qu'il a une gueule bizarre ce chien...
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