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Junk Garage
11 mars 2012

Vis ma vie d'étudiant Erasmus

Il y a eu les vacances de Noël, puis les adieux aux copains, les examens et enfin le cauchemar administratif de la réinscription.
Et me revoilà.

J'avais l'intention d'écrire un article pour les Sama Awards 2012, ça fait même des mois et des mois que j'ai le sujet en tête mais je n'ai pas eu le temps de le faire à temps. Enfin bref, il arrivera au moins un jour et causera de Mawaru Penguindrum, environ la seule et unique série que j'ai regardé depuis 6 mois.
Mais en attendant, je me disais que c'était un peu petit gros de disparaître comme ça pendant quelques mois pour revenir poster un pavé indigeste plein de théories foireuses, ainsi j'ai décidé de plutôt vous comptez un peu ma vie (ça fait rêver je sais) ou plutôt "mais qu'est-ce que tu as bien pu glander ces 6 derniers mois ?".

Les personnes qui suivent un peu savent que je passe cette année à l'étranger. Celle qui suivent encore un peu plus savent que je suis depuis déjà quelques temps étudiante en langues, formulation passe-partout s'il en est, et que donc partir en Erasmus pour ma dernière année était quelque chose que je me devais de faire. Et donc je l'ai fait.

dd_n


Choose your character

Mais remontons un peu dans le temps, il y a un et demi plus précisément. Après des débuts qu'on pourra qualifier de plutôt chaotiques, j'entame ma deuxième année de fac avec le sourire et pleine de motivation. J'ai comme beaucoup pour coutume de prendre en début d'année des résolutions dont je sais que je ne les respecterai pas, et celles pour 2011 étaient de "valider ma seconde année et partir en Erasmus". Je crois pouvoir dire à l'attitude de mes camarades que nous nourrissions tous à peu près ce même rêve en septembre 2011, et les professeurs nous poussant à suivre les démarches nous motivaient pas mal.

Les premières réunions ressemblent à des pub pour des clubs de vacances, où les responsables des relations internationales vous expliquent que partir en Erasmus, c'est trop chouette et ça change la vie. Rapidement, on tempère un peu le discours, en rajoutant qu'il faut quand même bosser, qu'il y a une certaine sélection à la base (mais j'y reviendrai) et que ça peut être dur pour certains de vivre à l'étranger. A ce stade là, vous avez déjà la moitié des effectifs qui se désiste. Face aux procédures d'inscription qui suivent, encore un quart s'enfuit en courant.
Et voilà, vous êtes fin novembre et des braves qui voulaient tous "passer l'année de leur rêve à l'étranger", il n'en reste déjà plus qu'un petit quart. Les derniers irréductibles, on va dire, qui n'auront pour seul mérite que de ne pas avoir oublié les délais pour passer le TOEIC et remplir les dossiers.
La vraie sélection ne se fait qu'à partir du moment de vous répartir dans différentes villes. Les places sont en effet relativement limitées, à savoir 1 ou 2 par université, et choper celle de vos rêves (??) revient donc à avoir de bonnes notes.

Pour une raison qui m'échappe totalement mais qui ne doit pas être indifférente au fait que tout le monde parle mieux Anglais qu'Espagnol, la grande majorité des gens a préféré partir vers la pluie et le froid en priorité. Ce ne fut bien sûr pas mon cas et c'est donc sans trop de problèmes que j'ai eu la fac que je demandais en Espagne. Oui, parce que je voulais pas Madrid ou Barcelone non plus. Nan moi je voulais Murcia, la ville que je connaissais juste pour ses restrictions d'eau et son refus du droit à l'avortement. La raison pour laquelle j'avais choisi cette ville m'échappe encore, mais elle doit avoir un certain lien avec les jolies photos de l'impressionnante faculté et le fait qu'au moins j'étais sure qu'on y parlait Castillan. Ce que j'ignorais par contre c'est que l'accent y était un des pires d'Espagne.


IMG_1441Mais si, vous connaissez Lorca !


It's dangerous to go alone ! Take this.


Le hasard voudra que j'atterisse à Murcia LE jour de l'année où il pleuvait. Murcia c'est (très) au Sud, calé entre les montagnes et la mer à une vingtaine de kilomètres : il y a une sorte de micro-climat sur la ville qui fait qu'il n'y pleut jamais. C'est plus de 300 jours de soleil par an, des hivers doux et des étés façon "four à micro-onde" où la température peut atteindre les 50 degrés, à la grande joie des cucarachas ("ah c'était pas une datte ce truc noir écrasé dans la rue ??")
A mon arrivée début septembre, on était encore en plein dans la chaleur -comprenez 35-40 degrés- et ça tombait bien, l'été avait été particulièrement pourri en France cette année là.
La faculté avait eu l'intelligence de proposer en début d'année deux semaines de "cours" d'Espagnol pour les étrangers, histoire de les remettre dans le bain et surtout avec pour motif plus ou moins caché de faire en sorte qu'ils rencontrent des gens. Ces cours, de l'ordre de 3 heures tous les matins, étaient en effet plus un prétexte pour se sociabiliser qu'autre chose.
Mes deux premières semaines c'était donc en effet très franchement le Club Med, avec en gros :

  • Cours le matin
  • Glandage l'après midi
  • Balades en fin d'après midi quand la température est supportable
  • Fête la nuit
  • Week end à la plage


Une autre chose fort agréable fut que le mois de septembre est l'occasion de grandes fêtes dans la ville type défilés dans les rues, feux d'artifices, danses folkloriques, etc, ce qui achève rapidement de te faire dire "je ne veux jamais rentrer chez moi !!!", impression qui ira en se reforçant encore avec le temps.

Le rythme de vie est très différent de celui qu'on a en France dans la mesure où tout fonctionne avec deux heures de décalage. Et tu croises des gamins et des vieux dans la rue jusqu'à 3-4 heures du matin en "été" ! Oui, parce qu'il fait encore 30 degrés à minuit aussi.
Le cliché de l'Espagnol qui fait la sieste est bien avéré dans la mesure où trouver une boutique ouverte entre 14h00 et 17h00 relève de l'exploit ; néanmoins sortir une fois entre ces heures et en plein cagnard suffit à comprendre le bien fondé de la chose. Il y a aussi le fait qu'ils travaillent jusqu'à très tard le soir (21h30) et que leurs fêtes durent aussi systématiquement jusqu'à point d'heure, mais s'ils doivent quand même se lever tôt le lendemain matin (tout reste relatif, rares sont les cours qui commencent avant 9 heures)

Au début j'étais perplexe quant au fait de déjeuner à 15 heures et de dîner à 22 heures, mais c'est un rythme qui se prend très, très vite. Et le fait que je passe de toute façon mon temps à bouffer n'aide pas. Ben oui, t'as des crêperies/churrerias/pizzerias ouvertes toute la nuit :3


100_0055Workin' hard à la terasse d'un café


Welcome to the jungle

A ce stade là de l'aventure, peu d'Espagnols ont réellement croisé votre route. A part dans la rue je veux dire. En effet, vous restez entre internationaux, vous parlez "l'Espagnol pour les nuls" (qu'on résumera par "aucun de nous ne sait ce mot mais c'est pas grave, on se comprend") et c'est cool comme ça. Le véritable serious business commence avec les cours, les vrais.
D'une part parce que vous vous heurtez à l'administration, aux emplois du temps faits à l'arrache, aux horaires qui se chevauchent, aux campus distants de 3 kilomètres (!!), aux cours qui n'existent plus et à ceux qui existent mais dont le niveau fait incroyablement plus peur en vrai que sur le papier.
Techniquement, avant le départ, vous devez choisir tous vos cours en vous basant sur ce que vous voyez sur internet. Évidemment, dans les faits les chances que ces cours ne soient pas aux mêmes heures est impossible, surtout quand comme moi vous étudiez de TOUT et donc dans TOUTES les facultés possibles et imaginables. Je veux dire, rien qu'en France dans ma propre fac j'avais des chevauchements à chaque semestre, alors imaginez un peu le truc quand c'est des cours que vous avez choisis à l'arrache "parce que le nom sonnait bien"... !
Au début on choisis donc ses cours pour les grasses matinées qu'ils laissent. Puis pour les professeurs. Puis pour le contenu vaguement ressemblant à ce qu'on étudie en France. Et puis on fin par en choisir un au pif juste parce qu'il tient bien dans l'emploi du temps et qu'il faut un certain nombre de crédits.

Ma licence fourre-tout a à la fois été une plaie à ce niveau là et une grande chance. Plaie parce que je me paye de passer d'une faculté à l'autre et donc de courir tout le temps. Oui, tout ce qui n'est pas lettres et droit est dans le désert en-dehors de la ville, 30 minutes en bus. Et une chance parce que ça m'a permis de rencontrer une grande variété de personnes, chance que n'ont pas eu ceux qui sont restés avec les mêmes gens tout le temps.
Avant de partir je me faisais la réflexion que jamais je ne voyais beaucoup d'Erasmus dans mes cours et que quand ils étaient là, ils restaient entre eux. Vu de l'intérieur, la tendance est la même. J'ai du mal à vraiment comprendre, mais il y a bien cette tendance des étrangers à rester entre-eux ce qui fait qu'on se retrouve dans des salles de classe avec les Espagnols d'un côté et les Erasmus de l'autre. Dur d'expliquer pourquoi, mais il y a une effet de rassemblement et telle la mouche attirée par la lumière, tu as naturellement tendance à te rapprocher des autres paumés. C'est assez bête dans la mesure où les Espagnols sont super ouverts et accueillants.
Dans mon cas, ça aura dépendu des classes, notamment parce que je me suis retrouvée dans certaines la seule étrangère, ou bien parce que les autres étrangers ne sont arrivés que bien après. Ca mène à des situations comiques, celle où l'étudiant Erasmus vient te voir hésitant pour te poser une question et capte soudainement que tu n'est pas Espagnole à ton terrifiant Sexy French Accent.


100_0184A Murcia on n'a pas d'eau mais on a des fontaines !


L'accent, justement. L'accent de Murcia est impitoyable. C'est un peu comme si les gens parlaient la bouche pleine : ils bouffent les mots (-s is a lie !) ce qui te donne l'impression d'entendre un beuglement au milieu duquel tu distingues vaguement ton prénom accentué bizarrement. Évidemment ce n'est qu'une question d'oreille, on fini par s'y faire, mais il n'empêche que ça entraîne plein de moments awkward, genre faire répéter 5 fois une phrase avant de comprendre que ce "Madona" c'était en fait "MacDonald's".

Enfin, il est de mon devoir de mettre fin au mythe "tu pars en Erasmus pour ne rien branler". Alors disons que oui, tu peux le faire. Ce qui n'est en revanche pas réalisable c'est "partir en Erasmus pour rien branler et valider quand même ton année". Je peux admettre que certains profs (et j'insiste sur le certains) soient plus indulgents envers les étrangers, mais ça ne va pas plus loin. Le nombre de gens que j'ai vu se ramasser était assez effrayant. Mis à part ça, avec l'administration c'est vraiment le joker "screw the rules, I'm Erasmus" qui te permet environ tout, dont ignorer franchement les délais, jouer au benêt avec une certaine crédibilité et leur faire ouvrir la porte quand ils sont fermés (je sais que tu en as toujours rêvé !!)

Et puis il y a la bonne humeur locale : des gens toujours prêt à t'aider, qui s'amusent à te baragouiner les trois mots de Français qu'ils ont appris à l'école et qui te demandent systématiquement "tu penses quoi de Sarkozy ??", les élèves curieux qui aiment te chambrer gentiment sur ta prononciation, voir ta résistance à l'alcool et qui te posent plein de questions débiles sur leur vision fantasmée de la France.
Le temps passant, tu réalises un matin que les beaux jours sont de retour, qu'il ne te reste plus que 2 mois de fun et surtout que la plage dans trois semaines, c'est pas qu'un mythe.

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Commentaires
K
En fait j'ai vécu mon second semestre de façon extrèmement différente du premier. Je me suis rendue compte qu'il y avait un vrai fossé avec les gens comme moi qui étaient là depuis septembre et les nouveaux Erasmus qui débarquaient en janvier : c'est un peu comme si les 3-4 premiers mois avaient été "Erasmus" à fond et depuis noël, ben je me sens juste chez moi et en décalage complet avec les nouveaux Erasmus. Ca me gave assez de trainer avec eux, et le constat est le même pour mes amis qui restaient à l'année aussi. J'imagine qu'on se lasse de tout, même des trucs les plus funs x) <br /> <br /> <br /> <br /> La mixité, avec le recul je pense juste que la plupart des locaux s'en foutent des étrangers et que de leur côté les Erasmus n'osent pas forcément s'imposer. Je me rends compte que les Espagnols avec qui je sors sont ou bien des anciens Erasmus, qui sont accueillant "par expérience" ou bien des personnes plus âgées que moi (25 et plus) qui ont une mentalité plus ouverte que les plus jeunes. Certains de mes amis m'ont dit s'être vraiment sentis rejetés dans certaines de leurs classes, que ça soit par les élèves ou par les profs. Comme je ne suis presque pas de cours de langues, j'y ai échappé pour ma part. Je fais très créature exotique pour les gens XD<br /> <br /> <br /> <br /> Pour les logements universitaires pour internationaux, je ne crois pas que ça existe en Espagne, on est tous plus ou moins en collocation et là c'est au petit bonheur la chance (de mon côté j'ai une colloc américaine et une colloc espagnole) <br /> <br /> Ce qui est sûr c'est qu'une fois de retour en France je vais revoir ma copie dans ma façon de me comporter avec les étudiants étrangers. On ne se rend pas vraiment compte mais la moindre petite intention compte énormément quand on est pas chez soi u_u
A
Plop,<br /> <br /> <br /> <br /> Pour avoir été en présence d'ERASMUS au cours de 2 formations différentes et dans 2 écoles différentes, je peux te dire que mon constat a été le même vis-à-vis de la mixité entre les erasmus et les élèves locaux.<br /> <br /> <br /> <br /> Je pense effectivement qu'il y a un rapport d'alliance implicite entre les erasmus pour contrer le milieu hostile dans lequel il débarque. Et puis, être en présence de personne aussi paumée que toi, ça rassure ^^. Ensuite, il y a parfois une promiscuité qui est créée par une sorte de ghetto : les logements universitaires spécifiques aux internationaux. Du coup, tu te retrouves dans un concentré multiculturel, avec la possibilité d'entraide amplifiée et de trouver quelqu'un d'autre de ton pays ou qui parle la même langue que toi (je me souviens qu'une péruvienne venue à mon école trainait tout le temps avec les espagnols).<br /> <br /> <br /> <br /> N'ayant pas fait ERASMUS pour cause de recalage (trop nombreux pour une même destination) mais ayant entrepris à côté d'autres démarches, je peux te rassurer (enfin, l'expression est correcte, mais le sens est ironique), c'est pareil en France.<br /> <br /> On se revoit la ba-balle, on te fait poireauter ; paye des frais d'inscription à nous, ah, non, en fait à eux ; non, mais on peut pas vous donner le droit de faire ça, vous n'êtes pas un "vrai" élève, etc.<br /> <br /> <br /> <br /> Les habitudes alimentaires(horaire) ont si fait assez vite mais c'est vrai qu'au début ça fait mal.<br /> <br /> Et pour les mythes étrangers... ça reste des mythes quoique pour les Suédoises...<br /> <br /> <br /> <br /> Arck,
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